Cinq œuvres musicales préférées du chef de chœur «Anima»

13 janvier 2022

sister irina

En 2017, la postulante Irina Kolesnikova est entrée au monastère Sainte Elisabeth où elle a créé un chœur «Anima», composé de sœurs moniales et de sœurs laïques de la charité. Elle est aujourd’hui son chef. Nous l’avons demandé de parler de ses œuvres musicales préférées qui ont exercé une influence sur sa formation en tant que musicienne et personnalité.

1. Alexandre Gretchaninov. La Semaine Sainte

Il a été très difficile pour moi de choisir seulement cinq œuvres musicales, parce que pendant les années d’études à l’école de musique, puis au conservatoire, une quantité incroyable de musique a passé par mon cœur.

En regardant en arrière, je vois que Dieu est venu dans mon âme par la musique, par ce que je pouvais comprendre et sentir. Il s’est trouvé que toutes les œuvres dont je vais parler, sont de Dieu, du chemin de l’homme vers Dieu.

Je commencerai par le compositeur qui a beaucoup influencé ma vie. C’est Alexandre Tikhonovitch Gretchaninov et son œuvre «La Semaine Sainte».

En fait, la décision d’entrer à l’école de musique et de devenir musicienne m’est venue spontanément. La grand-mère qui m’élevait, a été catégoriquement contre. Pour me préparer aux examens d’entrée, j’ai téléchargé sur Internet les biographies de certains compositeurs et je lui ai demandé de me les imprimer. La grand-mère, en état de paix de son âme, est venue me dire: «Tu sais, je te permettrai, peut-être, d’entrer à l’école de musique». Il s’est avéré qu’en imprimant les biographies, elle a lu celle d’Alexandre Gretchaninov dont les parents lui prédisaient un avenir dans le commerce et avaient été disposés résolument contre son choix de devenir musicien, la raison pour laquelle le compositeur a beaucoup souffert. Suite à ces obstacles, Alexandre Gretchaninov a très tard commencé à faire sérieusement de la musique et il a terminé le conservatoire à l’âge de 29 ans seulement. Il a dû passer dans la solitude tout son chemin vers l’art. Lui-même. En surmontant une grande résistance et l’incompréhension de ses proches. Voilà pourquoi nous avons avec lui un chemin bien semblable...

Qui a pu savoir que cinq ans plus tard, revenant des vacances d’hiver à Kiev, étant une étudiante de troisième année du conservatoire, que je téléchargerais pour la route «La Semaine Sainte» de Gretchaninov et que j’aurais un désir irrésistible de faire ce cycle avec un chœur. Deux semaines après environ, j’ai réussi à assembler un chœur de presque quarante personnes: des étudiants, des diplômés du conservatoire et des musiciens professionnels ont fait sa partie. Après deux mois de travail, ce cycle monumental s’est fait entendre pour la première fois en Ukraine. C’était tout un miracle!

2. Sergueï Rakhmaninov. «Les cloches»

Le deuxième compositeur qui a influencé le devenir de ma personnalité est Sergueï Vassilievitch Rakhmaninov. Quand j’avais six ans, j’ai été une élève de la première année de l’école de musique №8 de la ville de Nikolaïev, ma professeure de piano m’a conduit à un concert dans une école de musique. Je me rappelle bien la salle de concert. Elle m’a paru très grande, inaccessible, admirable. Quand je suis entrée, un bruit d’une multitude de sons m’a rencontré là: on chantait quelque part, on jouait d’instruments musicaux directement dans les couloirs... Cette première rencontre avec le monde de la musique reste toujours dans ma mémoire. L’œuvre qui m’a émue, c’était un poème symphonique «Les cloches». Il reflète tout le chemin de la vie humaine, de la naissance à la mort. Quatre étapes de la vie, dans chacune le rôle prioritaire est donné aux cloches: il commence par une sonnerie qui annonce la naissance de l’homme et termine par une sonnerie de deuil. En fait, comme nous le savons, les cloches sont un symbole de la Sainte Russie, la sonnerie des cloches de tout temps accompagnait le chrétien. Pour une fête, c’était une blagovest festive, pendant les jours d’épreuves difficiles une sonnerie austère d’alarme. De nombreux compositeurs russes se sont adressés au sujet de cloches, mais l’expression la plus éclatante, comme il me semble, elles ont trouvé dans ce poème dans l’œuvre de Sergueï Vassilievitch.

J’ai entendu pour la première fois cette œuvre à l’école de musique, à la leçon de la littérature musicale. Elle est géniale et on ne peut pas l’exprimer en des paroles ou épithètes, il faut l’écouter. Après avoir écouté ce poème, je me suis pour la première fois mise à réfléchir à ce que la vie humaine n’est pas éternelle, qu’elle passe rapidement. Je pense que c’est très important.

3. Sergueï Tanéév. La cantate «Saint Jean Damascène»

Encore une œuvre c’est la cantate de Sergueï Ivanovitch Tanéév «Saint Jean Damascène», «Le requiem russe» comme on l’appelle parfois. A propos, le compositeur l’a numérotée comme «Opus № 1», bien qu’il eût eu beaucoup d’œuvres avant cela. Dans cette cantate, c’est le texte qui m’a attiré le plus, bien qu’on compare la composition de la facture polyphonique de la cantate aux œuvres de Bach, si haut est le niveau. Dans cette œuvre, la mélodie ancienne russe est pour la première fois entrée dans la musique professionnelle russe laïque en tant qu’une base de toute une œuvre. C’est la mélodie «Fais reposer parmi les Saints». Comme un symbole d’espoir, comme un symbole de consolation. Je me rappelle mes sentiments: j’en ai été très émue. Je pensais: voici que l’homme ne peut plus déjà rien changer dans son sort. Comme précieuse est chaque minute...

Évidemment, l’œuvre devient plus chère quand on l’interprète de soi-même. Nous l’avons chantée plusieurs fois avec un grand collectif: quelques grands chœurs en même temps et un orchestre symphonique.

4. Petr Tchaïkovski. La Sixième symphonie

La seule œuvre symphonique que j’écoute très souvent depuis, c’est la Sixième symphonie de Petr Ilitch Tchaïkovski. En gros, j’ai un lien particulier avec ce compositeur: quand je faisais mes études à l’école de musique, je venais vers quatre heures et demie – cinq heures du matin pour les leçons de ma discipline. Il y avait là, au mur, un portrait de Tchaïkovski avec ses paroles: «Si vous travaillez chaque jour, sans attendre une inspiration venir, vous réussirez plus que les sans talents géniaux». Cette phrase m’a inspirée et encouragée.

Cette symphonie est si chère pour moi parce qu’en elle est toute l’âme du compositeur. Entièrement. Si on veut connaître Tchaïkovski – il faut écouter cette symphonie. Et encore, cette symphonie est sur la vie et la mort. Il y a là beaucoup de douleur, et je pense de tragédie personnelle de Tchaïkovski. Chacun a vécu dans sa vie quelque chose de pareil... Il y a un endroit dans cette symphonie où je ressens une concentration de cette douleur, je la ressens même dans les bouts des doigts. Je sens quelles énormes souffrances vivait Tchaïkovski: la tension augmente au maximum et dans la culmination – une congestion cérébrale, tout se rompt et se fait entendre la panikhide (office pour les défunts), la mélodie «Fais reposer parmi les Saints». Toule la symphonie est bâtie sur un changement permanent des états, ils sont découverts, tout le temps à la limite. On vit aussi l’émotion de ces changements d’état: de l’inspiration absolue jusqu’à l’état où on se sent écrasé. La vie ou la mort. Être ou ne pas être. Cette décision est le choix de chaque personne.

A propos, on a commencé à utiliser activement cette mélodie justement depuis la cantate de Tanéév «Saint Jean Damascène». Et, en général, tout est très lié: Gretchaninov, par exemple, quand il était l’enfant, il venait aux premières mises en scène des opéras de Tchaïkovski et était élève de Tanéév.

5. Alfred Schnittke. Concert pour un chœur mixte

La dernière œuvre est le Concert pour un chœur mixte d’Alfred Schnittke. Il a été écrit sur le texte du troisième chapitre du «Livre de chants tristes» du poète arménien Grigor Narékatsi. C’est encore une époque du moyen âge. Ce concert, son sens est très semblable au Grand Canon de Saint André de Crète: un état d’âme de repentir, l’immersion dans la Sainte Écriture, l’âme humaine qui, par le repentir, s’élance vers Dieu et Dieu qui sauve l’âme. Le compositeur lui-même a dit ainsi: «J’ai écrit la musique que ce texte a suscitée et non pas celle que j’ai voulu moi-même».

Irina Kolesnikova est née en 1994, dans la ville de Nikolaïev, en Ukraine. En 2010, elle est entrée à la haute école de musique d’État à Nikolaïev. L’ayant terminée en 2013, elle est entrée la même année à l’Académie nationale de musique d’Ukraine du nom de P.I. Tchaïkovski, à la chaire de direction de chœurs. Elle faisait ses études à l’académie et en même temps travaillait comme chef de chœur, elle a créé une chorale «Eternita». En 2017, elle a terminé ses études à l’académie avec mention excellente. La même année, Irina est entrée au monastère Sainte Elisabeth où elle a créé un chœur «Anima», composé de sœurs moniales et de sœurs laïques de la charité.

Article de: moniale Olga (Vélikaya)

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