Le quotidien radieux dans le Centre d’Accueil pour femmes

23 juillet 2021

femmes ferme procession champ

Le dimanche. La célébration de l’office Divin à l’église Saint Serge de Radonège dans le Centre d’Accueil pour femmes. Presque toutes les habitantes, de beaux foulards sur la tête, attendent en file pour venir au Calice et communier. Après, en prononçant l’homélie, père André Léméchonok dit ces paroles: «Je vous souhaite une bonne santé, d’avoir la paix ici à la ferme, d’apprendre à aimer les uns les autres et il y aura alors le paradis dans le Centre. Là où est l’amour et le Christ, il n’y a là rien de mauvais. Tout y est clair et pur. La lumière du Christ illumine tout homme».

L’été à la ferme; tout le monde qui se trouve ici, passe son temps au travail. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que le jour d’été nourrit l’année. Nous avons parlé à quelques sœurs de leurs occupations, de ce comment travaillant ensemble, elles apprennent à aimer les unes les autres, apprennent à voir la volonté de Dieu et la suivent.

travaux sur un tracteur

Sœur Victoria: «L’essentiel c’est les changements intérieurs»

Sœur Victoria conduit un tracteur à la ferme. Elle a suivi il n’y a pas longtemps une formation spéciale à Minsk et maintenant elle laboure et cultive des champs, tandis qu’en hiver, elle effectue le déneigement. Victoria va vers son tracteur d’un pas sûr, tournant en main la clé de contact. Elle ouvre le bouchon du réservoir à carburant et le remplit de gazole.

Depuis un an et demi Victoria réside dans notre Centre d’Accueil. Elle est venue à Minsk de la ville de Vitebsk pour trouver un travail, mais à l’heure de pointe dans le métro, on lui a volé son sac. Il y avait son argent pour vivre et louer un logis, ses documents et le téléphone portable. Victoria s’est adressée pour un conseil à l’église du quartier où elle habitait. On lui a parlé de notre Centre d’Accueil. Arrivée ici, elle pensait rester quelques jours attendant une de ses connaissances venir et l’aider avec l’argent, mais elle s’est habituée à la vie dans le Centre et est restée.

planter des pommes de terre

La ville, ce n’est pas pour moi. J’ai vécu à Vitebsk dans un quartier de maisons individuelles, dans ma maison et j’étais habituée à ce mode de vie. Ici il y a la nature, la prière. Je venais avant à l’église, comme les autres, mais je n’avais pas assez de foi. Beaucoup a changé ici…. (une pause) L’essentiel c’est les changements intérieurs, il est plus calme dans l’âme maintenant. Il arrive parfois, étant de mauvaise humeur, d’avoir le désir de tout abandonner et de partir (elle rit). Pourtant, je ne pense pas partir encore.

Victoria ouvre le capot du tracteur: «Il faut voir le niveau d’huile dans le système hydraulique. J’ai déjà changé le générateur. Je m’y connais un peu. On m’a appris quelque chose, il y a quelque chose que j’ai compris moi-même, que j’ai deviné. Je suis près de la technique depuis mon enfance. La technique, on peut dire, est la même, mais il y a seulement la petite et la grande». Victoria ferme le capot, se met en cabine, met le moteur en marche. Le moteur ronronne, le travail continue.

Sœur Hélène: «C’est un territoire de Dieu»

Le travail commence à 5h 30 sur la cour de ménage, il est nécessaire de préparer de la nourriture pour animaux. Il y a des chèvres, des cochons, des lapins, des poules. On cuit des pommes de terre dans un grand four pour les cochons. Hélène habite depuis un an dans le Centre. Avant cela elle a vécu pendant cinq ans à notre monastère travaillant aux obédiences.

nourrir un chat

On m’a dirigée ici du monastère. On m’a dit que j’étais très fière, qu’il fallait travailler quelque temps à la ferme et que cela devait m’aider. Bien sûr qu’il était un peu triste. Cependant, je me suis dit: «Seigneur, que Ta volonté soit faite» et j’ai accepté cette situation. Il a pu être pire. Si je n’avais pas accepté, j’aurais dû revenir dans le monde. Je suis heureuse maintenant, j’aime cet endroit. Tout va vraiment bien chez moi. Regardez, tout est écrit sur mon visage.

Premièrement, il y a ici la nature, l’air frais. Il y a la grâce ici. C’est un territoire de Dieu. Nous servons Dieu ici. On fait tout pour Dieu ici, il ne peut pas y être autrement. Il est parfois plus dur ici qu’au monastère. La vie ici, tout cela, le travail (elle fait le tour de la main). Il y a ici évidemment moins d’offices Divins, moins de prières qu’au monastère, mais on peut prier toute la journée de soi-même. Je pense que ce travail remplace tout pour Dieu. Il n’y a pas longtemps, père André Léméchonok m’a proposé de revenir au monastère, et je me suis mise à réfléchir.

lecture akathiste

Je me rends compte que ce que je me suis retrouvée ici, c’est la volonté de Dieu, c’est pour que je comprenne quelque chose ici, pour que j’apprenne quelque chose. Mon âme s’est purifiée de la fierté, de l’opinion haute de moi-même. J’ai compris que je travaillais ici pour Dieu. Je dois parfois lever quelque chose de lourd, utiliser une brouette pour transporter quelque chose, c’est pas facile. Il arrive après que j’ai mal aux mains ou aux jambes, mais ça passe. Nous sommes serviteurs de Dieu. Le Seigneur nous aide et couvre notre fatigue par Sa grâce. Il faut prier. Il m’arrive aussi d’être fatiguée que je reste sans bouger. Je prie alors: «Seigneur, accorde-moi Ta miséricorde, je marche à peine à cause de la fatigue». Quelque temps après, je ressens que je me porte bien. Il suffit de le dire à Dieu et Il va nous plaindre tout de suite.

J’ai parfois honte de ne vouloir rien endurer et je demande par ma faiblesse d’âme, de m’épargner des inconvénients. Peut-être que quand je grandirai spirituellement, que je serai plus patiente.

interieur eglise st serge

Ce qui est le plus difficile pour moi, c’est qu’il y a beaucoup de gens dans le monde qui m’attendent revenir du monastère. Moi, je prie pour rester. Ma fille qui a 33 ans, elle respecte mon choix, mais elle veut que je sois près. Elle m’a demandé il y a quelque temps ce qui me tenait ici, pourquoi je voulais rester ici. Les gens qui sont ici sont proches pour moi par esprit. Ici sont réunis ceux qui aiment Dieu, qui sont venus vers Dieu. Ils viennent et travaillent pour Dieu, ils aident l’un l’autre en tout. Je comprends ici ce qu’est la prière, quelle force elle possède – lorsque vous allez mal, les sœurs prient et on reprend courage tout de suite, on se rétablit. Je vais mieux et il est plus confortable pour moi ici que dans le monde, comment difficile que ce soit parfois. Ma maison est ici, mon esprit est ici. Je ne peux pas l’expliquer.

«Pour pouvoir comprendre quelque chose, il faut vivre au moins un mois dans le Centre, conclut sœur Hélène. Vous savez quel beau hiver a été ici, plein de neige ! Je l’ai aimé beaucoup, j’ai été toute heureuse. Les arbres étaient couverts tantôt de glace, tantôt de givre. Quelle beauté! Le soleil se lève et c’est si merveilleux!»

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