Les histoires de la vie de la moniale Elisabeth (Shoukovitch)

2 novembre 2021

songes de Nun Elisabeth

Sur les couleurs vives cachées dans le noir

Dans mon enfance et la jeunesse, j’aimais beaucoup les couleurs vives. La multitude de couleurs dans la nature et la diversité de caractères des gens m’inspiraient. Quand j’ai pris la décision de devenir moniale, ce qui était inattendu pour moi-même, la première chose à quoi j’ai pensé c’était comment j’allais porter l’habit noir? Comme si je devais couper une partie importante de moi. En même temps, je comprenais la bêtise et la banalité de ces pensées.

Au monastère déjà, j’ai réalisé la nature de cette peur intérieure subconsciente: le noir avant s’associait pour moi à la tragédie et la mort. Cependant, lorsque j’ai mis pour la première fois l’habit monastique, c’était au Monténégro, l’habit noir a séparé tout ce qui était inutile et a laissé l’essentiel. J’ai comme si vu dans le miroir une autre personne qui était à mon intérieur.

Je pensais après que toutes les couleurs vives comme si sont entrées à mon intérieur et mon âme s’est colorée. On dirait qu’une métamorphose a eu lieu: la couleur sous l’action de la lumière de Dieu s’est transformée et est restée à l’intérieur sous cet habit noir.

le role de Sainte Elisabeth

La prière comme la forme la plus haute de l’œuvre

Il y a l’œuvre comme le service de Dieu et ce n’est pas simplement comme l’art pour l’art, comme cela a été avant chez moi, malheureusement. Dieu m’a amenée finalement à la vraie œuvre. L’œuvre la plus haute c’est la prière!

On peut dire que c’est par le théâtre et par l’art que je suis venue vers Dieu et vers l’orthodoxie. En cette période-là de ma vie, je me trouvais à la pointe de la recherche spirituelle. Il devait y avoir lieu cette rencontre avec Dieu soit, au contraire, je pouvais partir dans des ténèbres. Extérieurement, j’ai été multicolore, mais à mon intérieur je n’étais plus libre, une mauvaise énergie. Tous les gens sont beaux chacun à sa façon et c’est d’eux que j’apprenais cette beauté, tandis que le côté mauvais de chacun est le même. Pendant qu’on n’est pas croyant, on est comme Don Quichotte contre les moulins.

Les saints pères disent qu’il est nécessaire tout le temps de se considérer comme une mauvaise personne, de se voir pire qu’un ver, mais moi, je ne peux pas ainsi. Pour que je puisse vivre, je dois aimer à mon intérieur ce qui est de Dieu, le beau et le clair qu’Il a mis en moi. C’est de là que vient mon inspiration.

Il est important pour moi de parler à Dieu et aux gens. J’ai remarqué que quand je reste seule, alors il suffit de me tourner vers moi-même que toutes les forces vitales me quittent. C’est l’égoïsme et la paresse, mais quand, même un peu, on tend la main au Seigneur pour qu’Il te tire, que tu te retrouves de nouveau près de Lui et il fait clair de nouveau!

Les gens rebelles de leur caractère ont toujours été plus proches pour moi parce qu’ils ont le courage. On sortait parfois dans la rue avec les spectacles de notre théâtre d’avant-garde, on démasquait quelques problèmes de la société et on pouvait recevoir pour cela. Quand on croit en ce que l’on fait, ces gifles des gens, au contraire, ajoutent du courage et de l’audace et ton idéal acquiert une plus grande valeur. Si on fait passer cela du plan de l’art au plan de la vie spirituelle, on obtient la même chose alors: si on aime Dieu, on est capable alors de donner sa vie pour Lui!

A nun reflete

De la lutte spirituelle et du lien avec Sainte Elisabeth

Il me semble que les Saints nous choisissent. La Sainte et vénérable martyre, la Grande Duchesse Elisabeth est entrée dans ma vie très rapidement. Je suis heureuse d’être ici.

Quand j’ai commencé à vivre dans un monastère au Monténégro, je n’avais pas la compréhension de ce qu’est la vie monastique. La douceur, l’humilité et la patience de moine, ce n’était pas à propos de moi. Mon comportement de révolte continuait même au monastère. Je disais au métropolite et à la mère higoumène comment il fallait faire et ce qu’il fallait faire. Il leur était difficile avec moi, mais il n’était pas facile à moi non plus.

La lutte la plus terrible et la plus difficile est contre sa propre volonté, contre son «Moi».

Ma première rencontre avec Sainte Elisabeth a été par le livre «L’amour est plus fort que la mort» qui parle d’elle et des martyrs de la famille impériale russe. Sa vie, son service des personnes malades, l’orphelinat, tout cela a été proche pour moi.

Avant la vie au monastère, moi aussi, je m’occupais pendant quatre ans avec les orphelins et les enfants des familles à problèmes. Je voulais continuer mon travail et j’en ai parlé au père spirituel, l’évêque Joannice, ce à quoi il m’a dit que je ferais mieux au monastère de m’occuper de mon âme, d’apprendre à avoir la docilité et la patience.

moniale de ste elisabeth couvent

Ce désir a tout de même resté dans mon cœur et j’ai pu continuer l’amitié avec les enfants. Cette amitié, le fait qu’ils ont trouvé Dieu et ont commencé à communier, cela a été pour moi une consolation. J’ai vu alors que les enfants et les moines étaient proches car ils sont tous les enfants de Dieu.

Moniale Magdalena de Minsk était venue à notre monastère de Monténégro, mais je n’ai pas fais sa connaissance alors. Après sa visite, l’évêque m’a donné une croix, il projetait, sûrement, de me tonsurer.

J’ai mis cette croix sur le cou. Une lutte intérieure a commencé, j’ai même eu des pensées de partir du monastère. Peut-être que j’attendais la tonsure dans un autre endroit...

Moniale Magdalena était venue encore quelques fois et a laissé un jour la revue «La rencontre». Je l’ai ouverte et ai vu qu’il y avait le monastère Sainte Elisabeth, j’ai vu père André et les sœurs de la communauté. Je ne connaissais rien sur ce monastère. Avant cela, on m’a offert un pendentif avec l’image d’une Sainte en habit inhabituel, c’était Sainte Elisabeth.

Plus tard, je retournais périodiquement à cette revue. Je ne connaissais un seul mot en russe, mais je comprenais tout. Cette joie, l’unité, les enfants que les sœurs aident – tout ensemble, cela m’a inspiré beaucoup. J’ai été heureuse d’avoir appris sur ce monastère et j’étais triste de ne pas être là. J’ai vécu des moments difficiles.

J’ai montré le livre au Monseigneur et ai dit qu’il y avait Sainte Elisabeth qui a donné sa vie pour le Christ, elle n’a pas trahi ses sœurs ni son peuple. Le Monseigneur a dit: «Tu sais combien cela nécessite?» On peut dire que c’était encore une réponse négative. Il a été difficile d’accepter cela.

Un jour, j’ai senti que je ne pouvais pas rester à ce monastère-là et ai demandé au Monseigneur de me permettre de ne pas porter l’habit monastique mais il a dit qu’il ne le ferait pas. Il est étonnant comment Dieu lui a donné ces paroles et comment ces paroles m’ont dégrisée. Je suis tout de même restée au monastère et ai continué à prier Sainte Elisabeth.

Il est venue une idée d’écrire une lettre à Minsk, mais cette lettre a été indécise et il n’y a pas eu de réponse. La joie est partie, une tristesse est arrivée. Je ne priais même pas alors, une anesthésie spirituelle. Pourtant, par les prières de Sainte Elisabeth, j’ai eu une réponse dans mon âme, comme si la Sainte m’a parlé elle-même: «Qu’est-ce que tu veux? Il faut parler à Dieu ouvertement, sincèrement et droitement». Ces paroles sont restées pour moi comme une règle pour toute la vie. Dieu est toujours près, il faut donc Lui parler droitement, de cœur à cœur, comme avec une personne proche. Après cela, j’ai écrit encore une lettre courte. Là, j’ai demandé de m’admettre au monastère. La réponse est venue quelques jours plus tard. On m’a permis de venir et cela a été pour moi équivaut à ce que le Seigneur m’a invitée au monastère par l’intermédiaire de la mère higoumène! Quand elle m’a demandé si j’allais rester, j’ai répondu «Oui» à Dieu par son intermédiaire.

nonne Elisabeth

Sur le théâtre dans le Centre d’Accueil, et l’âme russe

Ici, au monastère Sainte Elisabeth, j’ai commencé à faire du théâtre dans le Centre d’Accueil. C’est un travail étonnant et gigantesque! Toute mon expérience théâtrale d’avant, même celle avec les enfants de l’orphelinat, n’est pas à comparer avec.

Il y a de grandes souffrances dans le Centre d’Accueil, mais il y a là également beaucoup de grâce. Cette grâce nous a élevés nous-mêmes. Elle m’a élevée en une personne qui s’occupe non seulement de moi-même ou de mes besoins et confort.

Même nos petites infirmités peuvent parfois être édifiantes, il est nécessaire seulement de s’en rendre compte correctement. Elles nous réveillent et reposent sur la terre, indiquent que nous ne sommes pas des gens spirituels qui vont sauver les gens dans ce Centre. Un homme m’a demandé ainsi: «Vous êtes venue, mère, vous sauver à la ferme vous aussi?»

Elle est étonnante la manière dont Dieu établit notre union avec un Saint. Lors de la prise de voile, j’ai reçu le prénom d’Elisabeth et ce n’est pas à titre de mérite. Dieu m’a montré de façon surprenante que je dois me mettre sur sa voie.

Tout comme Sainte Elisabeth, j’ai aimé le peuple russe. Je ne peux même pas donner une définition exacte de ce qu’est une âme russe. C’est comme des anges matérialisés sur la terre. Les habitants du Centre d’Accueil, ce sont parfois des gens grossiers, mal élevés, des ivrognes, mais il est impossible de noircir cet état intérieur, cette sainteté. L’homme, même si en quelque chose il est sale et défectueux, il reste tout de même une icône de Dieu.

Article de Vadim Yantchuk

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