Micha, qui a grandi dans le Centre d’hébergement du monastère

15 septembre 2021

Le garcon qui a grandi dans la cour

Micha (Michel) est un garçon intelligent aux grands yeux bleus. Il a grandi dans la ferme du Centre d’hébergement pour femmes de notre monastère. Sa mère, Anna, avait été admise au Centre républicain de santé mentale alors qu’elle était enceinte, en raison de problèmes de santé. Plus tard la moniale Barbara (Atrasévitch) a emmené Anna au Centre d’hébergement afin de garder l’enfant qui, à sa naissance, est devenu une consolation pour toutes les soeurs du Centre.

C’est une histoire extraordinaire, une action de Dieu, il n’y a pas d’autre mot pour ça. Il aurait été impossible de le planifier, − dit la mère Barbara. – Quand Anna s’est rendue à la maternité, il y avait un énorme flux de femmes là, et le médecin a omis par erreur d’indiquer sur sa fiche qu’elle avait certains problèmes de santé. Ainsi, après sa naissance, le bébé est resté avec sa mère et ne s’est pas retrouvé à l’internat. Anna m’a appelée pour dire qu’ils allaient sortir tous les deux de la maternité, mais nous ne savions pas quoi faire: nous n’allions ramener qu’elle-même au Centre d’hébergement et n’étions pas prêtes à prendre le bébé. Finalement, j’ai dû devenir la tutrice de Micha. Lorsque les documents ont été rédigés, je pensais que ce ne serait que pour un mois ou deux, le temps que sa mère se rétablisse et puisse s’occuper de son fils elle-même. Le juge des tutelles ne comptait que sur cela aussi. Mais les choses se sont passées différemment.

femmes avec bebe

Quelque temps après la naissance de son fils, Anna s’est retrouvée à l’internat du Centre de la santé mentale. Parfois je la ramenais en vacances à la ferme, les week-ends nous allions avec Micha lui rendre visite. Il revenait bouleversé et me disait: ‟Prions pour que maman se rétablisse!” Chaque soir, je lui lisais un livre et lui souhaitais bonne nuit, et il me rappelait que nous avions oublié de prier. Alors nous disions une courte prière avec cette demande. Pour le garçon, la guérison de sa mère signifiait son retour à la maison. Pour être honnête, je ne me faisais aucune illusion sur le rétablissement de sa mère, mais l’enfant le demandait et nous priions. Pour être précise, il priait et moi, j’étais juste une co-participante.

En 2017, le père de Micha est revenu de Russie et a voulu rétablir sa paternité. Les autorités de tutelle ont enquêté sur la situation pendant un an et ont décidé de remettre l’enfant à son père. Micha m’a tout de suite demandé de devenir la tutrice de sa mère.

Le coronavirus a contribué au retour d’Anna. Avec le début de la pandémie, nous ne pouvions plus lui rendre visite – l’internat a été mis en quarantaine. Plus tard, l’interdiction a été levée et il est devenu possible de prendre Anna à la ferme. À la fin des vacances, j’ai appelé la directrice pour les prolonger, mais elle a dit qu’Anna devrait rester à la ferme − beaucoup sont tombés malades à l’internat. Anna est donc restée avec nous pendant six mois de plus. Elle s’est adaptée, a commencé à travailler, à communiquer avec l’enfant et ne voulait plus retourner à l’internat, alors nous avons officialisé la tutelle. Anna est maintenant dans un état stable, un médecin lui rend visite chaque semaine. Elle travaille comme cuisinière puisqu’elle aime ça, elle veut en plus travailler dans le jardin. Micha vit avec son père, mais il vient à la ferme pendant les vacances et les week-ends, ce qui lui permet d’être souvent en contact avec sa mère.

chats

Il y a beaucoup de chats à la ferme. Aujourd’hui, les sœurs sont heureuses d’avoir retrouvé Ryska, un chat qui s’était perdu. C’est Micha qui l’a trouvé, il se sent un héros, tout le monde lui demande comment il l’a fait. Micha s’entend bien avec les sœurs, il plaisante et rie avec elles. Aujourd’hui, une nouvelle sœur est arrivée au Centre d’hébergement. Micha est resté auprès d’elle, lui parlant − c’était très encourageant pour elle.

Il est élevé par les femmes souffrant de toxicomanie et d’alcoolisme, par leur amour, − dit la mère Barbara. − Micha est le chouchou de toutes les soeurs. Il est toujours là si une sœur est affligée, il vient l’embrasser, lui parler ou juste s’asseoir à ses côtés. Il est devenu mon petit aide et une consolation pour toutes les soeurs.

Micha aide également les sœurs dans leur travail. Aujourd’hui il a enlevé avec elles des pierres du champ labouré. Il ne se plaint pas, il travaille vite et avec joie, comme si c’était un jeu.

La foi de Micha est ancrée en lui depuis son enfance. Il a voulu se confesser pour la première fois alors qu’il n’avait pas encore quatre ans. À l’église, il voyait les sœurs aller vers le prêtre et un jour il a dit: ‟Je vais me confesser!” Depuis lors, à chaque liturgie, Micha s’approchait du prêtre et celui-ci le bénissait. Pendant longtemps, le garçon a cru qu’il se confessait de cette manière. Dès l’âge de six ans, il a commencé à se confesser consciemment.

nonne avec lapin

L’année dernière, le père André a béni Micha pour servir à l’autel; alors Micha a souhaité son propre sticharion comme cadeau de Noël. J’ai demandé au prêtre ce que je devais faire, et il a donné sa bénédiction pour en commander un. On venait de m’offrir de l’argent pour un vêtement, dont je n’avais pas besoin, alors nous avons commandé un sticharion pour Micha. Quand il était prêt, il y avait un supplément de 100 roubles à payer, alors j’ai dit à Micha de prier pour que quelqu’un fasse un don de cet argent. Et voilà, je suis allée vider le tronc avec les dons pour le Centre d’hébergement, et j’y ai retrouvé un billet de 100 roubles! Micha était si heureux de recevoir son sticharion! Le père André dit qu’il est un bon servant d’autel.

Misha va dans une école publique à Minsk. Il est allé au jardin d’enfants auprès du monastère et au camp d’été du monastère, mais nous avons décidé qu’il devrait s’habituer à une vie différente et nous l’avons envoyé dans une école publique.

Je pense que le monastère est resté le foyer pour Misha. Il aime venir ici, ses amis du monastère lui manquent. Son père le comprend et ne l’empêche pas. Quand nous étions en train d’obtenir la tutelle de Micha, la psychologue de la fonction publique a dit à propos de toute la situation: ‟Je ne sais pas pourquoi Dieu a arrangé cela, mais c’est évident que c’est Lui qui l’a fait”. Une personne qui n’est pas très pratiquante l’a compris. Je dis avec certitude qu’il en est ainsi.

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