Nous devons laisser du temps et des forces pour Dieu

4 février 2022

Nous devons laisser du temps et des forces pour Dieu

Nous vivons dans deux dimensions. Il y a la vie temporaire – des affaires, des soucis, des succès, des insuccès. Nous dépensons beaucoup de temps et de forces pour cette vie temporaire parce que nous avons des besoins, et pour les satisfaire, nous devons donc gagner des moyens. Nous avons aussi une responsabilité devant les gens qui sont à côté de nous. Et il y a la vie éternelle dans laquelle nous devons entrer pendant que nous sommes ici, sur la terre. Cette vie éternelle est liée à notre âme immortelle et à ses rapports avec Dieu.

Souvent, au détriment de l’éternité, au détriment de la spiritualité, nous nous soucions tout de même plus du bien-être extérieur. Il nous semble que cela est pratique, que nous avons vraiment gagné quelque chose: ayant acheté quelque chose meilleur marché, ou ayant trouvé un meilleur travail... Si pourtant trop de temps et de forces a été dépensé pour cela, ce sera une perte. Parce que la vie éternelle sera éternelle, tandis que la vie temporaire terminera tôt ou tard. Il nous est très difficile d’équilibrer correctement nos forces et nos possibilités et de nous rappeler que Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Marc 12:17). Il faut rendre à Dieu quand même plus et grandir spirituellement pendant que nous avons cette possibilité.

La Sainte Eglise nous élève. Par le cercle de la vie d’église elle nous apprend à vivre une vie nouvelle où l’homme ne vit pas simplement de lui-même, comme il lui semble bon, mais d’après la bénédiction Divine. Ceci est le plus important – apprendre à vivre non pas comme on veut soi-même, mais d’après la volonté de Dieu.

Ce n’est pas facile, évidemment, de vivre dans deux dimensions et de garder un équilibre correct de ses forces, de son temps, de ses possibilités. Il nous arrive d’avoir des exagérations, il nous semble que nous allons faire un effort et que nous réussirons quelque chose. Oui, on dirait qu’on a réussi à faire quelque chose, mais l’âme reste vide car il n’y a plus de forces pour la prière. «Nous travaillons si bien qu’il ne nous reste pas de forces pour prier», disent parfois des gens. Prier c’est le travail le plus difficile, voilà pourquoi il n’y a pas de forces. Voilà pourquoi nous devons obligatoirement dans notre vie laisser du temps et des forces pour Dieu parce que autrement nous serons non-développés. Nous ne sommes pas encore développés spirituellement et il faut donc nous développer. La chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu (Cf.: 1Co 15:50). Ceux-ci vont nous incliner à nous reposer, à nous installer sur un canapé, à regarder des informations.

Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu d’une mère: «Mon fils âgé de quatorze ans, passe dix heures dans le smartphone». Passer dix heures dans le smartphone... Un jeune homme de quatorze ans qui doit se développer, qui doit étudier mais qui se nourrit des choses pareilles. Qu’est-ce qui sera après? Mais les gens plus âgés ne bougent pas non plus. Vous comprenez, ne bougent pas. Si l’homme passait une heure dans la prière, s’il portait un chapelet: il y a un temps libre, il récite une centaine de prières, puis encore une centaine... Mais non. Nous avons tout à fait d’autres tâches. C’est là qu’est notre faiblesse, c’est là qu’est notre perte. Nous n’avons pas de culture de la vie spirituelle. Nous n’avons pas de cette disposition où Dieu se trouve au centre de toute notre vie. Il y a Dieu et nous avons besoin de Lui. Mais quand? Quand nous voulons quelque chose, quand nous avons besoin d’aide. Nous vivons de nous-mêmes et c’est pour cette raison que nous devons apprendre à entrer dans le cercle de la vie d’église. Par l’intermédiaire des Saints Pères, le Saint Esprit nous donne un office Divin merveilleux, une règle d’église. Commençons donc à apprendre.

Avec l’aide de Dieu, nous avons vécu la période de fêtes. Nous allons bientôt commencer à nous préparer au Grand Carême. Chaque semaine a une grande signification spirituelle pour nous: le dimanche de Zachée, le dimanche du fils prodigue, le dimanche du Jugement dernier. Essayons cette année d’être plus attentifs au cercle de la célébration des offices Divins, essayons de laisser cela entrer en nous, de réfléchir, de trouver quelque chose pour nous, justement pour nous personnellement. Quand nous allons nous rencontrer le dimanche du Pardon, quand le Grand Carême commencera, grand souhait que nous vivions ce Carême chaque semaine, que nous tâchions de venir à l’office Divin. Le Canon de Saint André de Crète, le Triode de Carême, c’est une telle poésie de l’Esprit qui nous a été donnée par les Saints Pères. Le temps que nous avons la possibilité, nous devons laisser cela entrer en nous. Et non pas remplir notre vide intérieur par des informations qui ne valent rien; mais, tout de même, nous lisons et regardons cela et il ne nous reste pas de place pour Dieu. Ainsi, je voudrais que nous soyons plus attentifs et plus responsables envers notre vie, envers notre sort. Parce que le temps passe très vite. Rappelons-nous cela. Je ne parle pas des peurs... Vous voyez tout vous-mêmes. L’homme orthodoxe doit être attentif intérieurement et être prêt à répondre pour sa foi, être prêt à défendre sa foi même si pour cela il aura à perdre quelque chose – perdre quelque chose de temporaire pour trouver l’éternel. Notre Église repose sur cette victoire sur le temps. Elle repose sur le sang des saints martyrs. Elle ne repose pas sur l’argent des sponsors, sur quelque aumône de ce monde, mais elle repose sur le sang des martyrs qui sont morts pour la foi: ils ont renoncé au temps afin de rester avec Dieu pour toujours. Je ne sais pas comment sera notre vie après, mais nous devons aujourd’hui nous fortifier dans l’homme intérieur et être prêts à ce que nous aurons un jour à rendre compte de notre foi: à quel point nous avons besoin d’elle, à quel point nous la chérissons, à quel point nous pouvons sacrifier quelque chose pour elle.

Je voudrais que tout le monde se prépare au passage à la vie nouvelle, ce passage se fait maintenant, quand l’homme ne paresse pas, mais qu’il réfléchit, qu’il cherche Dieu dans sa vie, dans la vie de ses proches et Le trouve, et qu’il commence à voir la Providence Divine sur sa vie. C’est très bien quand l’homme vit d’une manière sensée et est orienté vers un but précis, quand il ne se jette pas de côté et d’autre en cherchant on ne sait quoi. Ainsi, apprenons à avoir la constance, la patience, l’humilité et remercions Dieu que nous pouvons aujourd’hui être ensemble dans ce monde qui va on ne sait où. Le Christ est non seulement au milieu de nous, mais le Christ est justement en nous aujourd’hui, dans chaque âme, dans chaque personne qui a communié au Corps et au Sang du Christ. Ceci est l’essentiel, le plus important qui peut être dans ce monde temporaire. Remercions Dieu.

Gloire à Toi, ô Dieu!

Archiprêtre André Léméchonok

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2 years ago

Chantal Nordmann

2 years ago
La jeunesse et le smartphone ...

La mention du Père André sur le jeune de 14 ans prisonnier de son smartphone pendant 10 heures... m interpelle fortement.

Tous les jours je passe devant une école importante et je vois chacun et chacune les yeux hypnotisés sur leur écran, absolument isolés dans leur bulle. L`état de la jeunesse (et plus...) dé-cervelée depuis le plus jeune âge me terrifie. Rien n`habite leur jeune cerveau hors cette dictature de l image et de leur contenu : le temps est phagocyté dès le réveil- Comme dit le Père : " nous avons tout à fait d'autres tâches, c est là notre faiblesse, c est là notre perte ".

Enfants, jeunes et moins jeunes que faisons-nous du dépôt de la Foi reçu au baptême ? cette Foi indispensable au sens de notre vie, personnelle à mondiale , notre boussole dans un monde qui a perdu le nord ?

Si nous avons la grâce magnifique de pouvoir la vivre en communauté d Eglise,

la grâce de recevoir le Corps et le Sang de Jésus,

la grâce de pouvoir recevoir la bénédiction du prêtre, la vie de prière ,

quel immense merci à notre Sauveur, le Christ !

mais pour tous les isolés, les perdus, les emportés par " l air du temps ", la jeunesse débranchée de toute transmission...le Carême aura vraiment une supplication essentielle :

" Seigneur prends pitié de nous et sauve-nous " -

de plus en plus jusqu au jour de notre Délivrance.

Merci Père André de nous rappeler que le temps ici et maintenant est le tissu de notre éternité.
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