Retrouver la joie en Dieu

2 décembre 2021

la soeur de charite Nathalie Orlovskaya

La sœur de la charité Nathalie Orlovskaya a une obédience dans la boutique d’église du monastère depuis treize ans déjà. Dans ses yeux il y a cette lumière inhabituelle qui chauffe et console l’homme quand il a une tristesse dans son âme. Nathalie dit qu’elle est une personne heureuse aujourd’hui car ensemble avec l’orthodoxie, elle a retrouvé la joie qu’elle a eue dans son enfance. Voici son récit.

Dans notre conversation, vous dites de la joie d’enfant que vous avez retrouvée après la rencontre avec Dieu. Comment a été votre enfance et comment vous a-t-elle appris à vous réjouir?

Mon enfance s’est passé dans un endroit très beau, en Carélie, parmi des lacs et des forêts. J’aime la forêt jusqu’aujourd’hui, son atmosphère de silence, de beauté, d’une proximité de Dieu. Dans la nature, on peut, enfin, s’arrêter, réfléchir, rester dans la solitude. Cela nous manque beaucoup aujourd’hui!

En Carélie, j’ai vécu jusqu’à l’âge de huit ans avec mes grands-parents. La grand-mère m’a inculqué l’amour du travail et le grand-père, l’amour de la lecture. A cinq ans, on m’a appris à lire, à huit ans je savais déjà faire des petits pâtés, tricoter des chaussettes et des moufles.

Ma grand-mère Eugénie était une personne honnête, sincère. Elle a enduré les privations de la guerre, du blocus, elle a élevé quatre enfants et aussi moi, la petite-fille. 

Je me souviens, la grand-mère m’a donné une leçon précieuse. Elle savait bien tricoter et m’a appris à tricoter. Il m’est arrivé un jour de pleurer parce que le travail n’allait pas et j’ai jeté tout sur le plancher. La grand-mère a tout ramassé et a dit: «Défais et commence dès le début». Ainsi, elle m’a appris à ne pas m’arrêter devant les difficultés.

Après la première année de l’école, on m’a emmenée en Ukraine. Mes parents ont divorcé, j’ai vécu avec ma maman et le beau-père. Il a été difficile de m’habituer au changement d’atmosphère, il n’y avait pas de compréhension mutuelle dans la famille. Mon rêve a été d’entrer à l’université, d’apprendre et d’arriver à quelque chose dans la vie. Je croyais que je pouvais tout. J’avais de grandes ambitions. Mais du point de vue spirituel, il y avait un vide. Il y avait un manque de confiance en l’homme. Je pensais que si je rencontrerais un jour quelqu’un de bien et d’honnête, ce sarait un progrès. Et je cherchais.

Réfléchissant sur les années de mon enfance, je me rends compte que beaucoup d’offenses s’étaient accumulées en moi. Elles rongent l’âme et on ne peut pas vivre avec elles. L’homme ne peut pas entrer dans le Royaume des Cieux avec des offenses. Le Seigneur morcelait petit à petit cette pierre et il m’était plus facile. Au bout d’un temps, comme si mes yeux se sont dessillés et je comprenais pourquoi l’homme avait agi de telle ou telle manière. A la place des offenses vient la pitié et on pardonne alors. La grâce Divine agit ainsi.

Les chrétiens croient que la providence Divine conduit chaque homme. Comment avez-vous ressenti la providence Divine dans votre vie?

Cela s’est passé quand mes rêves ont commencé à se réaliser. Ayant terminé un lycée en Ukraine, j’ai décidé de tenter ma chance à Moscou. J’ai voulu entrer à une université et voici que je suis entrée à l’université militaire du Ministère de la Défense. J’ai fait connaissance avec un homme que j’ai aimé de tout cœur. Nous nous sommes mariés peu de temps après.

En première année déjà, les médecins ont trouvé une maladie grave des reins et ont dit qu’il me restait trois ans, cinq au maximum, si je suivais un traitement. A l’hôpital, on m’a sauvée quelques fois.

Parmi les émotions concernant la maladie, j’ai commencé à me souvenir de ma vie. J’avais autant de prétentions dans mon âme envers les gens! Je les condamnais, ils me semblaient mauvais. Mais moi-même, comment étais-je? Combien étais-je mieux?

Quand il s’agit de la mort, l’homme pense: «Cela ne me concerne pas, il s’agit de quelqu’un d’autre». Vient soudainement la pensée que très prochainement tu peux toi-même paraître devant Dieu. Tu devras répondre ce que tu as dans ton âme, ce que tu a fais de bon dans ta vie. Cela te dégrise.

En ce moment-là, je me suis adressée à Dieu: «Seigneur, on me dit que Tu existes. Aide-moi! Les médecins m’ont dit qu’il me restait trois ans de vie. Si Tu existes, aide-moi à changer en ces trois années pour avoir quelque chose de bien dans mon âme».

Et voici que je me suis trouvée à l’hôpital avec la pyélonéphrite aiguë. Au cours du diagnostic, on m’a dit: «Vous êtes enceinte!» Avant cela, les médecins affirmaient que ce n’était pas possible. Je suis venue pour me faire enregistrer à la surveillance de la grossesse. Je nomme mes maladies, le médecin regarde les résultats du diagnostic et me dit: «Tout va bien chez vous». La maladie est partie. Un enfant grandit en moi. Dieu existe! Il m’a guérie! Je me suis tournée vers Dieu sérieusement et j’ai commencé à devenir pratiquante.

Nathalie Orlovskaya mari Dmitry

Mon mari Dmitry était non baptisé. Il a voulu se faire baptiser. Je jour de son anniversaire est le 30 septembre, le jour de mémoire des saintes martyres Foi, Espérance et Charité et leur mère Sophie. Il a reçu le baptême à l’église qui porte le nom de ces Saintes, c’est là également qu’a eu lieu notre mariage religieux.

J’étais heureuse que le Seigneur m’a illuminée, qu’Il existe, que ce ne sont pas des bylines, mais que tout est vrai. Enfin, j’ai vu qu’il y a beaucoup de gens bien sur terre, ils croient en Dieu, voient la Vérité. Ensemble avec la foi, cette joie radieuse que j’ai eue dans mon enfance, est revenue à moi. Il était si bien, comme dans l’enfance quand en sortant de la maison, le porche est enneigé, et on essaye de passer à travers, un bonheur dans l’âme. Venant à l’orthodoxie, j’ai ressenti à nouveau cette joie sincère d’enfant, ce bonheur infini.

Comment êtes-vous venue à la communauté des sœurs de la charité de notre monastère et comment cela a changé votre vie?

Mon arrivée à la communauté des sœurs de la charité est encore un hasard heureux. Nous nous sommes installés dans la patrie de mon mari, à Minsk. A Minsk, j’ai remarqué qu’il y avait des boutiques d’église dans la ville. Il était possible de venir simplement et de poser une question à la sœur. Sœur Olga était dans une telle boutique installée dans le magasin le plus proche de chez moi. Elle m’écoutait comme ma propre maman. Quand je voyais les sœurs en habits blancs, je pensais: «Les Anges de Dieu!»

Mon congé de maternité terminé, je me suis mise à me chercher du travail. J’ai trouvé une annonce à l’internet où on cherchait une vendeuse de produits d’apiculture, même sans expérience de travail et qu’on apprenait à tout faire. Il y avait l’adresse: 2, rue Vygotskogo. J’ai pensé: «J’irai là». Je me suis donc fait embaucher dans le monastère et je vendais du miel dans une tente dans un parc de la ville. Une tente, une table, des cartons avec du miel et des tisanes: je suis restée comme ça tout l’été.

La saison a pris fin, j’ai téléphoné à sœur Tamara pour dire que je voulais travailler encore. En octobre, je devais gérer déjà une autre notre boutique qui se trouvait dans le centre commercial «Magnit». Là, en plus des produits d’apiculture monastiques, j’ai vu qu’il y avait des icônes et que je devais porter l’habit de la sœur de la charité. J’ai dit donc: «Mais je ne suis pas une sœur de la charité...» «Allez parler au père André et demandez sa bénédiction». Père André s’en est réjoui: «On t’a pris? Bien! Va travailler donc!» On m’a confectionné ainsi l’habit de la sœur de la charité.

J’ai toujours eu beaucoup d’amis, mais avec mon arrivée à la foi, presque tous ils sont partis. La période où les gens se détournaient et cessaient de communiquer avec moi, était difficile. Certes, j’en étais émue, mais le Seigneur m’a donné après autant de sœurs, autant de gens bien et d’amis que je me considère une personne vraiment heureuse. Je suis reconnaissante à Dieu pour la communauté des sœurs de la charité parce que c’est une telle vie et une joie!

Natalie Orlovskaya et ses soeurs

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de joie dans votre travail dans la communauté?

J’ai eu mon obédience pendant trois ans dans le centre commercial «Magnit». Sœur Alla qui travaille dans la boutique d’église dans le quartier Kamennaya Gorka, m’a remarquée. J’ai beaucoup aimé leur boutique et quand je venais vers elles pour passer au monastère les diptyques d’intention de prière, je pensais: «Que c’est beau dans leur boutique! On peut parler de Dieu à beaucoup de monde ici!» Un jour, les sœurs de cette boutique-là m’ont invitée à les y aider. Je suis dans la boutique à Kamennaya Gorka depuis dix ans déjà.

Je lisais beaucoup de littérature spirituelle dont les vies des saints, les préceptes des saints Pères. Tout cela me permettait d’avoir des réponses à de nombreuses questions intérieures. De nouvelles questions apparaissaient et je commençais à chercher à nouveau des réponses. J’avais une aspiration à partager ce qui s’est accumulé en moi. J’ai commencé donc à parler à ceux qui venaient dans la boutique, à leur parler de Dieu, à faire part de mon expérience et mes pensées.

Quand on parle de Dieu et qu’on voit que cela atteint la personne, naissent alors en elle des pousses de la foi et cela cause une joie. On se rend compte que le Seigneur a agi par votre intermédiaire. Cela déracine l’égoïsme de votre âme. C’est la vie, c’est la grâce. Il est très agréable de servir Dieu. Quand on répond à des questions, on ne comprend pas parfois soi-même comment on le fait parce que les paroles vont si facilement comme si une rivière pure qui coule. Mais ce n’est pas à moi, c’est le Seigneur qui donne la parole.

Qu’est-ce qui le travail à la communauté des sœurs de la charité vous a-t-il appris? Comment a-t-il contribué à l’acquisition de la joie dans le Seigneur?

Réfléchissant sur ma vie et le travail dans la communauté de la charité, j’ai compris beaucoup de choses. Je ne peux pas déjà vivre sans la joie. Je veux être heureuse. Je suis heureuse avec Dieu. Sans Lui, on plonge dans des afflictions, des passions, la pitié de soi-même et rien ne vous réjouit – ni l’argent, ni le succès, ni les divertissements. J’ai eu dans ma vie un moment où des ténèbres pesaient sur moi, j’ai été au bord. Le Seigneur m’a retirée de ces ténèbres et je suis très reconnaissante à Lui.

J’ai compris comment est importante la grâce Divine pour pouvoir surmonter des difficultés. Il y en a beaucoup dans la vie, de très différentes, y compris dans la famille. J’ai eu une lutte intérieure. Je ne suis pas habituée à être douce et docile. Cependant, si on a ce désir, le Seigneur aide alors à changer et les passions s’apaisent peu à peu. C’est seulement la grâce Divine qui peut apporter la joie à l’homme. Est-ce qu’on peut aimer quelqu’un de soi-même? Mais quand on est avec Dieu, le Seigneur te donne la grâce et tout change en toi.

Il arrive d’aller à l’office Divin dans un état sombre, mais quand on sort de l’église à sa fin, on sent déjà avoir pardonné et aimé tout le monde. Il y a eu un conflit réel avec une personne et il faut étudier ce conflit. Mais on voit tout déjà autrement – calmement, avec amour, avec attention. Et le conflit s’éteint. Il est important de se surmonter et de dire: «J’ai tort. Pardonne-moi». On peut cent fois avoir raison, mais si on dit «Pardonne-moi» le premier, tout s’arrange alors. L’humilité est une grande arme. Si on se résigne, on reçoit de Dieu la joie.

Le Seigneur élève l’homme d’une manière admirable. Il le prend comme la terre, commence à déraciner les mauvaises herbes et à cultiver quelque chose de bien. J’espère qu’avec l’aide de Dieu, un bon fruit poussera dans mon âme.

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