J’entends beaucoup de confessions, et la plupart de ceux qui se confessent voient leur avenir comme sombre. Ils parlent de divorces, des enfants qui ne veulent pas voir leurs parents, de la solitude, de l’incompréhension des proches. Les gens sont mariés depuis des décennies, ils vivent ‟comme tout le monde”, et puis ils divorcent. D’autres ont été trahis par leur meilleurs amis.
À la fin de la confession, on me demande: que dois-je faire? On est dans une impasse. Je me demande alors ce que je peux suggérer. Je pourrais conseiller de prier. Cependant, on me dira : ‟Mais je prie”. Je pourrais dire: ‟Essayez de vous humilier” et entendre la réponse: ‟Je m’humilie”. On me regarde avec une question muette dans les yeux: pourquoi est-ce que je prie et rien ne se passe, je demande et je n’obtiens rien, je frappe et personne n’ouvre? Dieu ne nous entend-Il pas? Alors j’ai envie de poser cette question: que cherchons-nous exactement dans la vie? Ne sommes-nous pas trop pris par des joies extérieures, des changements, le désir d’être dans le tourbillon des événements? Ne sommes-nous pas trop attachés aux choses banales? Ne négligeons-nous pas notre vie intérieure, notre relation avec Dieu? C’est en Dieu que nous trouvons le véritable support dans la vie.
De nombreuses personnes se rassemblaient autour du Christ. Mais seuls quelques-uns L’ont touché et ont été guéris. Nous venons de recevoir Dieu. C’est Lui notre guérison, à part laquelle nous n’avons besoin de rien d’autre. Mais cela ne nous suffit pas. Nous avons toute une liste de demandes. C’est pourquoi le miracle ne se produit pas en nous. Nous considérons l’Église à travers les normes de ce monde et nous voyons en elle de bonnes choses, mais toujours de notre point de vue terrestre; nous essayons donc d’y vivre selon les lois de ce monde. Finalement, notre âme se trouve épuisée, nous disons: ‟Je n’en peux et je n’en veux plus. Je suis fatigué!”
Je ne discute pas: il est très difficile de vivre pas comme tout le monde, mais avec le Christ. L’Église chrétienne est une école d’amour où nous devons nous laver les pieds les uns des autres et nous servir les uns les autres, mais nous construisons toujours une hiérarchie où il y a des supérieurs et des inférieurs. Ainsi, ayant la possibilité de commencer une nouvelle vie, nous ‟sortons en paix”, mais retournons à la vanité du monde, pour vivre selon ses lois, attachés à cette terre. Comment se libérer de ce lien? Comment puis-je voir le Christ dans quelqu’un qui m’est peut-être désagréable? Je dois mourir. Je dois aussi mourir pour entendre une autre personne. Je dois mourir pour pouvoir remettre ma vie entre les mains de Dieu et servir mon prochain. C’est pourquoi l’Évangile nous dit: celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera (Mt 16 : 25). Quand nous fêtons la Résurrection du Christ, nous parlons de la Croix sur laquelle le Seigneur meurt, afin que la Résurrection puisse s’accomplir. Sans mort, il n’y a pas de résurrection.
Dieu nous aime comme ça, Il nous pardonnera de toute façon, Il aura pitié de nous. Oui, Lui, Il aura pitié, mais moi, serai-je capable de renoncer à tout ce qui est temporaire, sensuel, à tout ce qui n’est pas réel? Je ne vous donnerai pas de réponse aujourd’hui: la réponse doit naître en vous. Je veux que vous vous posiez cette question aussi souvent que possible, et que vous n’en ayez pas peur. Pour ne pas avoir peur, nous avons absolument besoin de soutien du Christ. Le fait que nous sommes à l’église aujourd’hui est un miracle. Nous avons célébré la Divine Liturgie, ce qui est, selon saint Nicholas Vélimirovitch, comme une bombe atomique larguée dans l’enfer. Lorsque nous nous confions au Christ, nous vainquons complètement le diable. C’est pourquoi, chers amis, rendons grâce à Dieu: Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs (Ps 84 : 11).
Archiprêtre André Léméchonok