Le troisième dimanche de Pâques, l'Église commémore les saintes femmes porteuses de myrrhe. Elles sont restées fidèles au Christ jusqu'à la fin. Rien ne pouvait les décourager, pas même la mort. Le Christ est mort, mais leur amour pour Lui est devenu plus fort. L'Évangile parle peu de ces femmes glorieuses. Pourtant, il montre clairement qu'elles étaient des modèles d'amour et de loyauté. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala (Jean 19:25).
Dans le jardin de Gethsémani, les apôtres se sont endormis. Tous les disciples l'abandonnèrent, et prirent la fuite (Matthieu 26:56). L'apôtre Pierre l'a renié trois fois. Judas l'a trahi. Près de la Croix, l'amour et la loyauté ont été mis à l'épreuve.
Les femmes myrrhophores sont restées près de la Croix par amour. Elles n'ont pas fui ni ne se sont cachées: on ne fuit ni ne se cache devant le Soleil. Le sexe le plus faible se montra le plus fort; ainsi alors tout était renversé, s'est exclamé saint Jean Chrysostome (Commentaire sur l’Évangile selon saint Jean: Homélie LXXXV).
Le Christ ne leur avait pas révélé les mystères de Sa mort et de Sa résurrection comme Il l'avait fait pour les apôtres. Pourtant, dans leur cœur, elles savaient que c’était la Vérité crucifiée qui allait triompher de la mort. Puis, à la fin du samedi, elles sont parties dans l'obscurité pour oindre le corps de leur Maître et ont vu les premières le Christ ressuscité et entendu les mots contenants l'essence de la foi chrétienne: Réjouissez-vous! Soyez toujours dans la joie. Priez sans cesse. Remerciez Dieu en toute circonstance (1 Thessaloniciens 5, 16-18).
À notre époque, nous avons besoin de ces exemples d'amour, de dévouement et de loyauté plus que jamais dans notre histoire. Ces vertues manquent à l’humanité. Comme l'a écrit le père Sophronius (Sakharov), nous sommes tous au milieu d'un océan glacial dans un monde qui ne prie plus; et si nous ne parvenons pas à garder nos cœurs en feu pour vaincre ce froid, nous périrons avec ce monde.
Dans un monde si froid, nous devons garder nos cœurs brûlants et ne pas les laisser se refroidir. Saint Jean de Cronstadt a écrit: "Avec la grâce du Seigneur ressuscité, le chrétien vit en ressuscitant dans son cœur; par l'Esprit Saint, il reçoit la bienheureuse espérance de la vie éternelle à la fin des temps". Ces lignes nous renvoient à l'essence de notre travail spirituelle ‒ la résurrection de notre cœur alors que nous sommes encore sur cette terre.
Revenir à la vie est un travail si difficile qu’il est beaucoup plus facile de rester mort. Refuser la vie est plus commode et plus pratique. Exister entre le canapé et la télévision, entre la cuisine et Internet; remplir sa vie de soucis futiles qui occuperont tout le temps, mais en vain.
Les civilisations sont nées et mortes. Les modes, les goûts et les idéologies se sont succédés. Mais l'amour, la loyauté et la dévotion au Christ n'ont jamais perdu leur gloire et leur valeur. Comme les saintes myrrhophores, nos femmes ont prié pour la protection de leur pays aux moments les plus désespérés de notre histoire.
Dans nos heures les plus sombres, lorsque le fardeau de nos peines et de nos tentations semble trop dur à porter, demandons au Seigneur la force de garder notre amour, notre loyauté et notre dévouement pour nos familles, notre pays, notre Église et le Christ.
Par higoumène Tikhon (Borisov), Monastère d'Optina