Récemment, nous avons commémoré les nouveaux martyrs et confesseurs de Russie. Ils se sont sacrifiés pour notre foi, pour notre possibilité de venir à l'église et de recevoir le Corps et le Sang du Christ et nous unir à Lui. Ils ont été soumis à la persécution et ont souffert jusqu’à la mort à l'époque soviétique, mais n'ont pas renoncé au Christ. Nous les remercions d'avoir gardé la foi. Car lorsque la foi est morte, aucun pouvoir ni argent ne peuvent assurer l’intégrité de notre personne, de notre famille ou de notre état.
Dans les dernières années avant la révolution d'octobre 1917, la situation en Russie semblait encore calme et paisible. À part quelques grèves occasionnelles ou des affiches révolutionnaires, il n'y avait aucun signe de grands bouleversements à venir. Et puis, d’un coup, l'empire russe s'est effondré. Le plus triste était de voir les gens qui avaient l’habitude d’aller à l'église accrocher leur ruban rouge et se lancer dans la lutte pour la "liberté".
Quand j’ai servi à la cathédrale, il y avait là un gardien, un descendant des cosaques russes. Jeune garçon, il avait assisté le prêtre à l’église. Il a échappé à l'exécution. Cependant, dans ces années post-révolutionnaires où les églises étaient transformées en clubs, il disait: "Je vais au club!" Lorsqu’une femme âgée lui a dit: "C'est une église, pas un club!", il a déclaré: "Le temps des prêtres est terminé. C'est à nous de faire la fête".
Aujourd'hui encore, la rébellion de l'homme contre Dieu se poursuit à une échelle sans précédent. Nous avons peu de foi en Dieu, mais nous faisons confiance à la technologie. Nous espérons que l'intelligence artificielle nous aidera à vivre rationnellement. Nous comptons sur les vaccins pour nous rendre la santé en un clin d'œil. Nous en avons maintenant. Pourtant, nous entendons toujours "n’y allez pas", "ne restez pas ici", "cachez-vous". Une nouvelle pandémie viendra - et l'histoire se répétera.
La rébellion contre Dieu est en cours dans nos familles. Nous ne considérons plus la vie familiale comme le service de nos proches. De nos jours, les gens fondent des familles pour avoir une bonne vie dans le confort et l'abondance. On dit: "Avec son bien-aimé, même une cabane est un paradis", mais de nos jours, la plupart des gens ne sont pas d'accord. Ils recherchent les commodités et les garanties d’une bonne vie. Le résultat? Des millions d'enfants sont tués dans des avortements. Les familles se décomposent. Les gens mènent des vies égoïstes sans fondement dans la foi ou l'esprit.
Les semaines de pré-carême s’approchent. Nous avons lu dans l’Évangile l’histoire de Zachée, le collecteur d'impôts. Zachée était un homme de petite taille, et il a grimpé à un arbre pour voir le Christ. Comme Zachée, nous ne sommes pas grands, spirituellement; nous devons donc aussi grimper à un arbre pour voir le Christ. Mais imaginez que quelqu'un fasse cela en réalité! Personne ne le comprendra, on le croira fou.
"Voir le Christ ? Comme c'est étrange et irrationnel! - s'écrierait le monde. "Les miracles appartiennent au passé. Ils font partie des légendes et du folklore", réagira le monde. Peut-être nous enverra-t-il chercher la vérité sur Internet, comme tout le monde le fait de nos jours. Nous y trouverons des conseils sur la vie et les amitiés, ainsi que la recette du bonheur universel quand on a tout ce qu'on veut sans grimper aux arbres – il faut juste regarder sous ses pieds et non vers le ciel.
Dans ce monde où l'homme se rebelle contre Dieu, le Christ est pourtant présent. Nous Le recevons dans la communion, Il entre dans nos cœurs. N'est-ce pas là un miracle? Nous avons tous besoin de sentir Sa présence. Ce n'est donc pas un hasard si l'Église nous appelle avec les paroles de notre Sauveur: "Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche". C'est ainsi que nous commençons notre chemin vers ce Royaume.
Ce chemin sera long et difficile. Nous devrons vaincre notre chair, nous opposer à notre orgueil, résister à nos désirs momentanés et lutter contre les nombreuses tentations de ce monde. Alors suivons tous le Christ. Il sera toujours avec nous comme Il est resté avec les nouveaux martyrs. Dans leur faiblesse, Il leur a donné la force de vaincre la mort. Ils se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre en Christ aujourd'hui.
Ô, Seigneur ! Gloire à Toi !
Archiprêtre André Léméchonok