Les persécutions du XX siècle: vivre en chrétien

6 février 2022

icone des nouveaux martyrs de russie

Tout le monde sait ce que sont les afflictions. Les échecs au travail, les problèmes familiaux ou dans les relations avec les autres, les plans brisés, les espoirs déçus, la mauvaise santé ‒ c’est ce que les chrétiens appellent des afflictions et d'autres ‒ des problèmes. Ces problèmes se terminent souvent, en termes chrétiens, par l’acédie et le désespoir, autrement dit, par la dépression.

En étudiant l'héritage des néo-martyrs et des confesseurs russes du XX siècle, nous pouvons apprendre beaucoup et trouver une sorte de remède à cette maladie qui est une des plus graves à présent. Le XXe siècle pour la Russie a été une période de rupture de l'ancien système, lorsque des millions de personnes ont été soumises à des répressions sans précédent et que les meilleurs d’entre eux sont morts sous ce marteau. Les néo-martyrs ont vécu dans des conditions difficiles à imaginer pour une personne moderne. Les émissions de télévision, les films et la littérature moderne regorgeant de scènes violentes, l'esprit humain moderne est déjà déformé et ne prend pas au sérieux la souffrance d'autrui avant qu’elle ne le touche lui-même.

À titre d'exemple, nous abordons le thème de la répression ‒ l'emprisonnement, la prison, les camps de concentration ‒ parce que nous considérons qu'il s'agit d’une des épreuves les plus terribles. C'est ainsi que la poétesse Olga Bergholz (1910 ‒ 1975) se souvient de la prison: ‟C'est une souffrance humaine sauvage et sans fin. Ils ont pris mon âme, l’ont fouillée avec leurs doigts puants, ont craché dedans, l'ont remplie d’ordures, puis me l'ont remise en disant: ‟Tu peux vivre”. Je suis écrasée par la prison... Je suis mutilée”. C'est à peu près ce que l'on vit quand on est si proche de la mort.

Une personne qui a gardé la foi dans les pires moments de sa vie ne souffre pas moins que les autres, mais en obéissant aux commandements de Dieu, elle reçoit Son aide, elle se sent et se comporte très différemment. Saint Raphaël d'Optina (†1957), qui a enduré vingt ans d'emprisonnement, a écrit depuis le camp de concentration à sa fille spirituelle, qui se plaignait d'une grave maladie et de sa solitude: ‟J’en suis désolé, je compatis à tes maladies, à ta solitude et surtout à ton immobilité... Ce n’est pas triste pour moi, mais doux et même cela sert à mon salut de tout supporter ‒ la calomnie, la faim, l'exil. C'est seulement le péché qui m'effraie, devant lequel la mort elle-même ne me fait pas peur”.

Après quinze ans d'emprisonnement, le schémamoine Joasaph (†1976) a dit: ‟Merci à Dieu pour tout: pour les joies, les peines et les afflictions. Je suis béni d'avoir souffert pour apprendre Tes commandements, ô Seigneur”. C'est un exemple de l'attitude d'un chrétien face aux épreuves, celui-ci ne craint que le péché et remercie Dieu pour les afflictions. Selon l'écrivain Varlam Shalamov, qui a passé de nombreuses années dans les pires des camps soviétiques, les personnes qui ont la foi gardent leur moralité en prison, c'est-à-dire, dans le langage chrétien, elles pèchent moins. Il faut tout de même noter que l'appartenance à l'Église ne vous sauve pas en soi ‒ de nombreux prisonniers chrétiens ont négligé leur conscience pour sauver leur vie terrestre, oubliant la vie éternelle. C'est par les chagrins que Dieu met à l’épreuve la foi d'un homme.

En comparaison, considérons le comportement des non-croyants dans les mêmes conditions. Par exemple, Varlam Shalamov a décrit la fragilité de l'homme qui devient un animal au bout de trois semaines à cause du travail dur, du froid, de la faim et des coups. Shalamov a également écrit que l'on peut survivre dans le camp de différentes manières, par exemple par la colère ou par l'indifférence, par l'auto-préservation, comme un animal. Est-ce que cela sert au salut? Saint Raphaël d'Optina soulignait: ‟Il est possible de supporter les épreuves en païen, en serrant les dents, mais la bonne manière de les supporter c’est en martyr chrétien”.

Il écrivait depuis le camp de concentration à ses enfants spirituels: "Je vous plains plus que je ne me plains moi-même. Le chagrin, l'humiliation sont mon lot, mais ils sont aussi ma sagesse, ma joie et mon salut. C'est pour cela que je me vante, et c'est pour cela que je remercie mon Dieu plus que pour toutes les bénédictions de ma vie. Ils sont la purification de mes péchés, mon escalier vers le ciel...". Un chrétien se distingue par l'humilité face aux afflictions, dont le plus haut niveau est l'amour pour les ennemis. Ce n'est le cas dans aucune religion.

Les saints néo-martyrs répondent à toutes les questions concernant la manière de surmonter des afflictions. Saint Nikon d'Optina a écrit: "L’affliction est la souffrance de notre cœur lorsque quelque chose arrive contre notre volonté. Pour que cela ne soit pas douloureux, nous devons renoncer à notre volonté et nous humilier devant Dieu. Il veut notre salut et le construit de manière incompréhensible pour nous. Abandonnez-vous à la volonté de Dieu et vous trouverez la paix pour votre âme et votre cœur affligés." Il a écrit également: ‟Le lot de tous ceux qui cherchent le salut est de souffrir. Réjouissons-nous donc dans la tribulation, car c'est ainsi que nous sommes sauvés”. Saint Raphaël confirme ces propos dans une lettre écrite depuis la prison: ‟Crois-moi, mon enfant, jamais de toute ma vie je ne me suis senti aussi satisfait que maintenant. Le Seigneur, par Sa Providence salvatrice, nous envoie des tribulations. Mais le Seigneur nous donnera aussi de la force. Le Seigneur bénira son peuple par la paix!”

Nous allons conclure par les paroles du saint confesseur Raphaël: ‟Le chagrin et la maladie sont notre lot terrestre, dans les aflictions nous sommes purifiés du péché comme l'or est purifié dans une cornue. A travers le chagrin et la maladie, comme par un prophète, le Seigneur nous dit: ‟Reviens à la raison! Ne te laisse pas emporter par les plaisirs éphémères de ce monde, comme le fait un petit enfant avec ses jouets. Tu es un voyageur sur terre. Ta vie est un rêve éphémère. Là, au-delà du seuil de ta tombe, c'est l'éternité qui t’attend. Tu es la couronne de la création sur terre. Tu reflète la lumière Divine, ton âme est éternelle, comme son Créateur est éternel. Vis avec sagesse, fais des efforts pour te préparer une place dans le Royaume céleste. C’est là ton destination”.

Le moine Platon (Rozhkov)

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