La Nativité de la Mère de Dieu est une des douze grandes fêtes célébrées par l’Église orthodoxe. Nous nous rappelons les événements survenus il y a plus de deux mille ans, lorsqu’une enfant est née dans la famille de parents pieux, Joachim et Anna, qui vivaient en Judée, et qu’elle a été nommée Marie. Nous savons que c’est cette enfant qui avait été destinée à devenir la médiatrice entre Dieu et les hommes dans la réalisation du mystère de l’incarnation du Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ. C’est de la Vierge Marie que le Seigneur a reçu la nature humaine, la raison humaine, la volonté et les sentiments humains et qu’Il est devenu en tout semblable à nous sauf le péché.
La Sainte Vierge a servi salut de toute l’humanité comme aucun autre saint, ange ou archange. Nous savons qu’en ce moment Elle est dans le Royaume de Dieu avec son Fils et notre Seigneur, et nous Lui adressons nos prières. Elle accepte notre prière et intercède pour chacun de nous devant son Fils et notre Dieu. C’est pourquoi nous l’appelons la Mère de l’Église, la Mère de tous les chrétiens. Comme une mère entend touhours la demande de ses enfants, la Reine du Ciel entend toujours notre prière.
Chaque fois que nous célébrons une fête de la Vierge, nous lisons lors de la Divine Liturgie l’Évangile de Luc qui raconte l’histoire de la visite du Seigneur chez Marthe et Marie. Les chrétiens connaissent ce passage presque par cœur, car il est souvent lu à l’église: le Seigneur est venu chez les sœurs Marthe et Marie et Il a commencé à parler. Il a parlé, bien sûr, de ce qui était essentiel pour la vie humaine. Après tout, chacune de Ses paroles était porteuse d’un énorme pouvoir spirituel qui transformait les gens. Marie s’est assise à Ses pieds et écoutait les paroles du Sauveur, alors Marthe, qui préparait le repas et s’occupait des tâches ménagères, s’est indignée contre sa sœur et a dit au Seigneur: ‟Dis-lui de m’aider”. Le Seigneur lui a répondu par des paroles qui sont d’une grande importance pour comprendre quel est le besoin fondamental de la vie humaine: Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée (Luc 10 : 41-42).
Marthe était très bonne, elle était une merveilleuse hôtesse hospitalière et elle a exprimé son amour pour le Sauveur de la manière dont nous exprimons souvent notre amour, notre sentiment d’amitié ou de respect pour les autres: nous préparons un repas, nous nettoyons nos maisons, nous nous occupons certainement de beaucoup de choses. Le Seigneur n’a pas condamné Marthe. Il ne lui a pas dit: ‟Pourquoi n'es-tu pas assise à côté de Marie et ne m’écoutes pas? Je n’ai pas besoin de dîner, je n’ai pas besoin d’hospitalité”. Mais Il a dit que ce qu'Il disait à Marie dépassait tout autre besoin. Et donc, par rapport à Marthe, Marie a choisi la bonne part. Elle a établi le bon système de priorités, elle accordait toute son attention à l’écoute de ce que le Seigneur Jésus-Christ lui disait. Le Seigneur n’a pas opposé Marie à Marthe. Mais Il a souligné ce qui était le plus important pour les gens.
Cela peut être attribué à toute notre vie, à l’ensemble de la race humaine. On s’agite, on s’inquiète pour beaucoup de choses. La quasi-totalité de notre vie est occupée par le souci de notre pain quotidien, d’un meilleur aménagement de la vie matérielle. Nous ne faisons pas de mal, nous faisons ce qu’il faut. Cependant, lorsque nous ne nous préoccupons que de l’organisation extérieure de la vie, lorsque nous ne faisons que ce que Marthe avait fait, et que nous ne consacrons même pas un centième de notre temps à Dieu, que nous n’organisons pas notre vie conformément aux priorités Divines ‒ alors nous commettons une erreur irréparable. Alors tout notre travail sur l’organisation de la vie ne devient que vanité, car il n'y a pas d’aspiration aux valeurs éternelles sans lesquelles la vie humaine n’est pas réussie.
Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. Ces mots doivent entrer profondément dans notre conscience. Si nous avons la foi dans nos cœurs, si nous construisons nos vies conformément à la loi de Dieu, notre travail pour organiser nos vies sera béni par Dieu, et nous atteindrons les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous deviendrons vraiment des gens forts et une société juste. Que le Seigneur nous aide tous à suivre ce chemin et à glorifier Son nom par nos paroles et par nos actes et, surtout, par la transformation de nos âmes, rendue possible par le contact avec la sagesse et la grâce Divines.
Amen.
Cyrille, patriarche de Moscou et de toute la Russie