Si tu sers Dieu, aime ton prochain

17 décembre 2021

soeur Natalia Kurgasova

La soeur de charité Natalia Kurgasova accueille les visiteurs dans une des boutiques du monastère, elle les aide par un conseil ou les soutient par un mot doux; elle s’occupe aussi des patients du service de patronage. ‟Les sœurs sont des instruments entre les mains de Dieu, − dit Natalia. − Nous sommes des gens faibles, mais le Seigneur agit, et beaucoup viennent à Dieu à travers les magasins du monastère, les soins et l’amour des sœurs qui s’occupent des personnes âgées à domicile”.

Que voyez-vous comme votre tâche principale en travaillant au monastère?

Ce travail forme et inspire, il sert à acquérir de l’humilité, de la patience et de l’obéissance, sans lesquelles on ne peut être sauvé. Pourquoi sommes-nous venus dans ce monde? Pour servir Dieu et notre prochain et nous préparer pour l’éternité. Ce travail est donc le sens de ma vie.

Chacune de nos boutiques fait partie du monastère, de l’église. Si on a des problèmes, on voit une sœur avec une croix sur son foulard et on vient vers elle. C’est Dieu qui a guidé cettte personne jusqu’à vous, vous devez donc la réconforter – l’écouter, lui dire un mot gentil, peut-être aussi faire preuve de patience. Une fois que vous avez mis votre habit de soeur, vous n’avez pas le droit de faire ce que vous voulez, ni vous ménager. Si tu sers Dieu, aime ton prochain. Cependant il n’y aura pas d’amour sans prière et sans communion.

tache principale en travaillant au-monastere

Parfois on vient à la boutique juste pour rester un peu, pour regarder les icônes, on doit y trouver de la consolation. Vous leur donnez un livre de prières – si on n’en a pas besoin aujourd’hui, ce sera pour plus tard. C’est cela, l’action de Dieu. Les sœurs sont des instruments entre les mains du Seigneur, combien de personnes sont venues à Dieu par les magasins d’église! Même quand j’étais une soeur nouvellement venue, Dieu agissait par moi – il m’arrivait de rencontrer à l’office des personnes à qui j’avais donné l’adresse du monastère pendant leur visite dans ma boutique. Cela me réjouissait beaucoup!

Quelle est, selon vous, la plus grande réussite du métier d’infirmière visiteuse?

Quand on a mis en place le service des infirmières visiteuses, mes enfants ont déjà grandi, je l’ai donc rejoint immédiatement. Dieu m’a confié des femmes agées qui ne sortent plus de chez elles. Il y a des personnes pour qui le plus important est de rester en bonne santé malgré leur âge très avancé et de vivre le plus longtemps possible. Cependant, si on se soigne ou pas, il arrive le moment de partir. C’est avec ces personnes que nous devons parler délicatement de l’éternité, malgré que beaucoup d’entre elles ne soient jamais allées à l’église. La difficulté est que les gens n’ont pas de foi, ils ont peur de la mort. Quand vous prenez soin d’une personne avec amour, elle le ressent et vous fait confiance. Nous avons tant de personnes pour qui les sœurs sont devenues un exemple! Voyant leurs soins sincères, ressentant leur cordialité, les patientes les suivent – elles se confessent, communient, elles rencontrent Dieu et voient Son amour.

la foi en dieu a aide

Comment votre foi en Dieu vous a-t-elle aidé à supporter les épreuves de la vie?

Mon chemin vers l’église a été long – à travers le chagrin, la souffrance, la perte des proches. J’avais beaucoup de problèmes avec mon mari. Le Seigneur m’a permi de voir ses meilleures qualités et m’a donné de l’amour pour lui, mais il y avait aussi dans sa vie la prison, la dépendance à l’alcool et, dans le passé, à la drogue. Quand il est allé en prison, je suis restée seule avec les enfants. Je travaillais comme accompagnatrice de train, j’étais en route pendant une semaine et puis 4 à 5 jours à la maison. Les enfants ne me voyaient presque pas. Alors j’ai demandé au père André un travail au monastère.

Je pensais que ma situation était insupportable – deux petits enfants, un mari alcoolique. J’ai dit au père André que j’avais l’intention de divorcer. Il n’a pas donné sa bénédiction: ‟Soyez patiente et continuez à prier pour votre mari, vous devez encore vous battre pour son âme. Il s’est soumis à ses passions, mais il est doux. Il n’a rien vu dans la vie, à part les prisons, la drogue et l’alcool. Parfois, il faut tomber très bas et voir son impuissance pour pouvoir s’envoler”. Je n’ai donc pas divorcé, j’ai porté ma croix jusqu’à la fin, jusqu’à la mort de mon mari.

On s’adresse à Dieu lorsqu’il n’y a plus d’espoir pour les gens. Tout le monde, tôt ou tard, connaît ce moment. Le Seigneur ne nous laisse pas seuls. L’aide arrive d’où on ne l’attend pas, mais vous savez au fond de votre cœur que c’est Lui qui agit, qui change tout – les gens, les relations, les circonstances. Pendant longtemps, j’ai pensé que je ferais mon mari aller à l’église. Je ne comprenais pas que tout ce que je pouvais c’était prier. Après de nombreuses années pénibles marquées par le prison, les hôpitaux, le manque d’argent, mon mari est finalement venu à Dieu. Il a vécu dans le centre d’accueil pendant plus de six mois, il a communié deux fois par semaine, a participé à la lecture de l’acathiste à l’icône de la Mère de Dieu Calice Inépuisable. Je pense que c’était un travail incroyable pour mon mari. Il devait constamment se surpasser, se forçant à prier et à aller à l’église. J’ai dû passer par tout ça. Un jour, à la confession, je me suis plainte de mon mari. Le prêtre m’a dit: ‟De qui confessez-vous les péchés? Surveillez-vous. Vous devriez être reconnaissante qu’à cause de lui, un homme si difficile, vous soyez venue à l’église et que maintenant vous parliez à Dieu”.

vous parliez a Dieu

Comment votre vie a-t-elle changé au cours des années  au sein de la communauté des soeurs?

Le monastère et la communauté des soeurs font partie de moi, c’est le temps béni de ma vie. C’est doit être la sainte mère Elisabeth qui prie devant le Trône de Dieu pour chaque sœur, car nous sommes faibles, nous sommes une armée boiteuse, mais le Seigneur agit à travers nous. Au cours des années auprès du monastère, j’ai vu beaucoup de choses et je me suis rendu compte que mon chagrin n’est pas le plus grand. Il y a des personnes alitées et celles qui ne se déplacent qu’en fauteuil roulant. Et combien de gens qui sont tout seuls! Alors on a honte de se plaindre: Dieu nous aide à chaque pas. Il faut donc aller aider ceux qui en ont besoin, sans nous attacher à nos problèmes. La sainte vénérable grande-duchesse Elisabeth recueillait des dons pour son monastère Saintes-Marthe-et-Marie, aidait les malades, les infirmes et les personnes seules, et retirait les jeunes filles de la rue, leur apprenant les travaux d’aiguille et la prière. Quel est le but de l’homme sur terre?  Que son âme ne périsse pas.

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