Son esprit était celui de Pâques

28 mai 2021

vieil homme nikolai

L’archiprêtre Nikolaï Guryanov est né le 24 mai 1909 dans une famille croyante. Il a commencé son éducation pédagogique dans un collège technique, l’a poursuivie à l'université, mais, s’étant opposé à la fermeture d’une église, il en a été exclu. Il a été bientôt réprimé et a passé trois ans en exil dans la région d’Arkhangelsk. En 1942, il a été ordonné diacre, et quelques jours plus tard, prêtre. Depuis 1958, le père Nikolaï a servi sur l’île de Talabsk (Zalit) sur le lac Pskov où pendant plus de 40 ans il a été le recteur de l'église Saint-Nicolas. La vie du starets, ses instructions servent de référence pour notre monastère.

L'archipretre Andre Lemechonok

L’archiprêtre André Léméchonok, son fils spirituel, partage les souvenirs de sa rencontre avec le père Nikolaï.

La personne qui m'a amené au père Nikolaï est déjà entrée dans l'éternité, se souvient le père André. – C’était Galya Estrin, elle cousait des soutanes. À ce moment-là, il m’est devenu très difficile d’être dans l'Église. Après la période de grâce d’un nouveau venu à l’église, quand tout en moi était ‟brûlant”, il y a eu le premier ‟dégrisement”, peut-être la première vague de découragement. Galya m’a proposé d’aller voir quelqu’un qui, à son avis, pouvait m’aider. Je ne voulais pas y aller, mais elle a réussi à me convaincre. Nous sommes donc arrivés sur l’île de Zalit, nous sommes venus à la liturgie. Quand le père Nikolaï donnait la communion aux enfants, j’ai vu la lumière en lui. C'était quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant - la lumière qui donnait la joie de la Résurrection, la lumière qui agit sur le cœur. Ce n’est pas seulement moi qui l’ai vue, mais aussi Galya. Nous nous sommes regardés: ‟Quel visage il a!” Je me sentais déjà bien, et je n’avais besoin de rien d’autre, je ne voulais plus parler de rien ni demander quoi que ce soit. Mais le père Nikolaï est venu vers nous, il m’a appelé et a commencé à me parler. De cette conversation, il y a des choses qui sont restées gravées dans ma mémoire, il y a des choses que j’ai oubliées, il y en a d’autres dont je me suis rappelé des années plus tard. Mais la lumière que j’ai vue en lui a brûlé en moi pendant plusieurs semaines.

Il y a eu une pause, peut-être une demi-année, peut-être plus, pendant laquelle je ne suis pas allé voir le starets. Et puis, d’une façon ou d’une autre, je suis revenu à Zalit et j’ai commencé à venir voir le père Nikolaï très souvent. Au début, en tant que personne inexpérimentée, j’ai posé des questions sur ce dont tout le monde parlait à l’époque: les francs-maçons, la fin du monde proche, la voyance - des questions si enfantines. Je me souviens avoir demandé: ‟Quand est-ce que le monde va finir?” Et le père, qui était allongé sur son lit (il était très malade cette année-là), m’a répondu: ‟On va encore vivre, si bien vivre, merveilleux!” Voilà, nous étions là – un jeune homme en bonne santé parlant de la fin du monde et un homme qui ne pouvait pas se lever mais qui parlait de la joie de vivre.

L'aine Nicholas avec ses soeurs

Sûrement, Dieu m’a fait voir raison. Toute cette ‟enveloppe” est tombée. J’ai vu l’amour et j’ai touché l'amour, j’ai vu la beauté de Dieu dans l’homme. C’était suffisant pour que l’âme se nourrisse et continue à travailler.

J’ai vu le père Nikolaï dans différents états. Il y a eu des moments où il disait: ‟Si les gens savaient à quel point c'est dur pour moi”. Il donne son amour à tout le monde, il écoute les gens, il bénit - et soudain des paroles comme ceux-là.

Voir une telle action de Dieu, lorsqu’une personne oublie son propre ‟moi”, aide les autres à vivre et à s’orienter dans la vie, à voir ce qui est essentiel dans l’orthodoxie et ce qui est secondaire – cette expérience est inestimable.

Les paroles du père Nikolaï étaient souvent complètement non conventionnelles, vivantes, elles pouvaient vraiment ramener une personne à la raison, lui insuffler la vie. Et parfois, il disait simplement: ‟Que Dieu vous aide”, mais il y avait de la vie dans ces mots, aussi. Il m’est difficile de répéter quelque chose de précis. Aujourd’hui, des recueils sont publiés – le starets a dit ceci et cela. Mais il l’a dit à une personne particulière, à un moment précis de sa vie, et vous ne pouvez pas essayer cela sur tout le monde et en toutes circonstances.

commemoration of elder

Je peux seulement dire que son esprit était celui de Pâques. Le père Nikolaï était un homme qui avait le sens de l’humour, qui pouvait dire quelque chose de complètement différent de ce qui était écrit, vous savez? C'est très important.

De chaque voyage j’apportais un bagage de paroles entendues, d’informations pour la réflexion. Et tout cela c’était de l’amour du père pour les gens. Je me rappelle une épisode: je suis sur le quai d’escale attendant le départ, et lui, qui a les jambes malades, il court vers moi : ‟Voilà, prends ces conserves, tu les mangeras en route”. Je m’en souviens aussi d’une autre quand j’ai condamné le métropolite pour quelque chose, et le père m’a dit: ‟Qui es-tu? Un gardien? Alors occupe-toi de ton travail”.

En fait, je vois comme ça: chacun a sa tessiture de voix. Certaines personnes ont un ténor, d’autres ont une basse. Si on force sa voix pour aller au-delà de sa tessiture, on peut s’enrouer. C’est de même dans la vie spirituelle.

Beaucoup de gens qui venaient voir le père Nikolaï n’entendaient que ce qu’ils voulaient entendre. Pour le comprendre, pour l’entendre, il fallait avoir de l’humilité. Cependant, les gens venus étaient souvent fiers et omniscients. Ils voulaient voir un prophète, un devin qui leur révélerait les secrets qui les aideraient. Et donc, malgré ses maladies, le père Nikolaï sortait les voir et les encourageait, eux qui étaient jeunes et en bonne santé, à vivre, à ne pas être tristes, à aimer.

ile zalit

Nous venons de ce monde, où les gens cherchent ‟du pain et des jeux” même dans la vie spirituelle: des miracles, des guérisons, des écoulements de myrrhe. Cependant, le Christ est proche, Son amour est proche. Il est dans sa plénitude dans toute église! Mais si nous cherchons des choses extérieures, nous ne sommes pas sûrement sur la bonne voie.

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