«— Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
— Que faut-il faire? dit le petit prince.
— Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien... Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près...»
(Antoine de Saint-Exupéry)
Mais il peut en être différement. Vous voyez une personne pour la première fois, vous la serrez dans vos bras, vous remarquez la sincérité dans ses yeux et vous sentez qu’elle a pris votre cœur. Et c’est bien qu’elle l’ait pris. Ayant fait cette merveilleuse connaissance vous ne ressentez ni peur ni regret mais au contraire, une légèreté et une chaleur! Le vide de la vie quotidienne si agitée est enfin rempli de quelque chose de clair et profond. On vous aime sans conditions et sans réserves, juste parce que vous êtes là, parce qu’on a besoin de vous...
C’est vendredi soir. L’église confortable en l’honneur de Saint Nectaire d’Egine, située sur le territoire du service pour enfants orphelins souffrant de handicaps psychomoteurs, est remplie de monde. Les sœurs de la Communauté de la Charité dédiée à la Sainte et vénérable martyre, la Grande Duchesse Elisabeth, amènent les enfants des différents services de l’hôpital.
Vous voyant entrer, un garçon sur un lit vous offre un sourire radieux et saisit le bord de votre robe, essayant de compléter sa perception visuelle par un contact tactile. Un autre garçon, dans son fauteuil roulant, agite amicalement la main en signe de salutation. Une jeune fille au regard un peu détaché essaie de se rappeler si elle vous a déjà vue.
Il fait calme et paisible dans l’église. Le prêtre lit doucement un acathiste. Une moniale chante à Saint Nectaire: «Réjouis-toi!..» Les sœurs de la charité prient de tout cœur, demandant au Seigneur et à Saint Nectaire de leur donner les forces de servir ces enfants.
Soudain, un rayon de soleil apparaît à la porte. Il s’infiltre à travers les sœurs et les enfants, court vers vous et vous serre dans ses bras cherchant protection et chaleur. Il y a tant de sincérité, de simplicité et de vivacité dans cette création de Dieu! Elle vous regarde attentivement dans les yeux, et dans le miroir mystérieux de son âme, vous pouvez voir quelque chose de plus grand que ce que vous avez vu et ressenti avant. Le temps passe imperceptiblement dans les bras de votre nouvel ami...
Depuis presque 20 ans, les sœurs de la charité assurent une assistance à un service pour enfants orphelins souffrant de handicaps psychomoteurs. Tous les vendredis, on amène les enfants à l’église Saint Nectaire d’Egine à la lecture de l’acathiste, et le samedi à la Divine Liturgie. Depuis de nombreuses années, père Valéry Zakharov nourrit spirituellement les habitants du service. Tout le monde reçoit la Sainte Communion: à l’église, les enfants qui peuvent y venir avec l’aide des sœurs, tandis que les autres communient aux Saints Dons apportés par père Valéry dans leurs services. Personne ne reste sans le Corps et le Sang du Christ.
Cinquante sœurs environ s’occupent des enfants de l’internat. Il y a parmi elles de jeunes étudiantes souriantes, des femmes d’âge moyen et des dames âgées, bienveillantes et pleines d’attention et de soins. Il y a aussi des frères travaillant côte à côte avec les sœurs. Ce qui est très encourageant pour ces femmes qui, malgré leurs soucis dans le monde, trouvent le temps d’apporter de la joie aux enfants. Les soins des frères, leur appui et leur force physique ne sont pas moins importants que la chaleur et l’affection féminines.
Les enfants ne sont ni isolés ni abandonnés; ils grandissent et profitent de la vie en plénitude. Jeux, dessins, étude de la loi de Dieu, techniques de dessin d’animation, promenades en plein air, visites de théâtres, de musées, de cafés, pèlerinages et randonnées, fêtes d’anniversaire amusantes avec des friandises et des divertissements... autant d’activités leur sont proposées. Les enfants de l’orphelinat ont mis en scène avec succès un spectacle «Le Petit Prince» sous la direction de l’acteur du Théâtre académique dramatique national Maxime Gorki, Alexandre Zhdanovitch. Voici le mérite de ceux qui choisissent de servir les gens, voyant en eux l’image Divine et imitant l’œuvre de la Sainte et vénérable martyre, la Grande Duchesse Elisabeth.
Pourquoi les uns se noient-ils dans l’agitation du monde et se retrouvent dans un état de ruine spirituelle complète, tandis que les autres restent en paix et ressentent la joie? Comment pouvons-nous apprendre à voir dans chaque jour la bénédiction de Dieu? Comment pouvons-nous apprendre à nous réjouir du soleil et à respirer l’air pleinement? Comment pouvons-nous apprendre à remercier le Sauveur pour chaque minute de notre vie? Comment aimer notre prochain, au moins un peu?
Pourquoi nous qui avons reçu tant de dons, ne savons pas les apprécier et les garder? Pourquoi ceux que nous considérons comme défavorisés se réjouissent-ils sincèrement et aiment sans condition? Qui est-ce qui est vraiment malade, alors?
«Les hommes, dit le petit prince, ils s’enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu’ils cherchent. Alors ils s’agitent et tournent en rond... Ce n’est pas la peine... Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur»
(Antoine de Saint-Exupéry)
Photos de Maxim Tchérnogolov
Article de Darya Gontcharova