Qu’est-ce qui nous apprend l’exploit du martyre de Sainte Elisabeth

30 septembre 2021

archipretre Arteme Vladimirov

Ce que nous devons apprendre en nous souvenant de l’exploit du martyre de la Famille impériale russe et de la Grande duchesse Elisabeth Fiodorovna Romanov, en nous souvenant des leçons de la révolution et du chemin de la sainteté, nous a parlé le père spirituel du gymnase en l’honneur de Sainte Elisabeth à Moscou, membre de l’Union des écrivains de Russie, archiprêtre Artème Vladimirov.

En nous souvenant de la mort de martyre de la Grande duchesse Elisabeth Fiodorovna et de sœur Barbara qui l’avait accompagnée, comment pourriez-vous caractériser leur exploit?

Certes, cela a été l’exploit de toute sa vie et non pas seulement des derniers mois d’arrestation et de souffrances. La Grande duchesse a ressemblé à une bougie qui répand autour d’elle la lumière et la chaleur, mais qui se consume elle-même lentement.

L’exploit de Sainte Elisabeth et de sœur Barbara est particulier parce qu’il a été accompli non pas en rupture de la vie citadine, mais la Grande duchesse se trouvait au cœur de la vie de la capitale. Selon le précepte de Saint Séraphim de Sarov, elle puisait, recueillait et multipliait les étincelles de l’Esprit Saint non seulement dans le calme de la cellule, mais aussi dans l’exploit de la bienfaisance active. Il n’y avait pas pour elle, je pense, d’agitation, de rumeurs, de distractions qui troublent la paix de l’âme. Tout a été soumis à une seule chose qui était nécessaire. Ce sont, par exemple, l’office Divin à l’église de la Protection de la Mère de Dieu dans le coin qu’elle aimait tant dans la vieille Moscou. Ce sont ses causeries avec les sœurs de la communauté: elle mettait dans chacune d’elles une partie de son âme. C’est la communication avec les orphelins d’hier, les orphelins que la Grande duchesse retire littéralement du cercle vicieux, et ayant organisé le mode de leur vie quotidienne, les classes et les loisirs, elle fait tout pour qu’ils trouvent chemin dans la vie. Ce sont ses contacts avec les représentants de la noblesse et des marchands sur lesquels son aspect, l’habit blanc monastique avec une croix, agissait de façon à les dégriser et à les apaiser. En un mot, toute la vie de Sainte Elisabeth, aussi bien intérieure qu’extérieure, avait un seul but – l’accomplissement des commandements de Dieu sur l’amour du Créateur et l’amour du prochain. Plus elle grandissait dans la grâce du Saint Esprit, plus les forces des ténèbres qui cherchaient à détruire la Russie historique, s’élevaient contre elle personnellement. Elle a partagé avec les martyrs de la Famille impériale leur sort. Sœur Barbara aidait et fortifiait Elisabeth Fiodorovna dans son dernier chemin, le chemin du calvaire, et, selon les souvenirs écrits, l’âme d’Elisabeth Fiodorovna était déjà un fruit mûr, prêt pour le Royaume des Cieux.

st Elisabeth pendant la vie

La mort de martyre a été la couronne la plus brillante de sa vie. Nous nous persuadons aujourd’hui de sa participation à notre vie et faisons honneur particulier à cela.

A votre avis, comment la vie d’Elisabeth Fiodorovna l’a-t-elle conduite à la sainteté? Qu’est-ce qui peut nous y indiquer le chemin de la sainteté pour chacun de nous?

Treize ans après la mort tragique de son époux, ont été le temps du tournant résolu de la Grande duchesse Elisabeth de la vie mondaine vers la vie monastique ascétique et pénitente. Oui, en ces treize ans elle a changé les robes de bal en vêtements humbles monastiques. Oui, en ces treize ans, elle a trouvé la clef d’or de la prière du cœur et en même temps, sa nature créative a trouvé à l’intérieur d’elle-même la source de prière pour les proches et pour toute la Russie. Aussi, toutes les autres années de sa vie ont précédé ces treize ans: la famille aristocratique, les leçons remarquables de sa mère qui était connue de son activité de bienfaisance; une bonne éducation, un développement de l’esprit et du cœur, la pureté de l’âme et du corps qu’elle a gardée jusqu’en mariage; la fermeté et le zèle avec lesquels, s’étant retrouvée en Russie, elle étudiait le russe et la culture russe, étant devenue la personnification de notre esprit national. Ce sont ces racines qui ont donné l’impulsion et se sont marquées après par de si beaux fruits et fleurs. Dans ce sens, le chemin de la sainteté commence dès la naissance quand la maman, après la naissance de l’enfant, met en lui entièrement toutes ses forces physiques et toutes les forces de son âme, travaillant avec abnégation sur le développement de bonnes qualités de la personne de son enfant.

Certes, ce qui est surtout remarquable en Elisabeth Fiodorovna, c’est son acceptation consciente du charisme de la foi orthodoxe, c’est le fait de se garder des péchés mortels qui éteignent l’action de la grâce Divine. C’est aussi le fait de se consacrer entièrement au service de Dieu et des gens: lorsque le changement d’activité devient un repos, lorsque dans la prière en solitude l’homme apprend à puiser l’énergie de l’âme pour porter sa croix, lorsque l’amour actif devient une vraie récompense et une joie de l’ascète qui sait oublier lui-même. Ce n’est pas par hasard que de son vivant encore, on appelait Elisabeth Fiodorovna ange blanc de Moscou.

Il y a de plus en plus de cruauté et de violence dans notre société. Comment le chrétien contemporain doit-il se comporter face à elles?

Le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, la vérité et le mensonge, la foi et l’opposition à la foi se polarisent à nos yeux dans le monde. Il n’est pas possible de prendre la position neutre aujourd’hui et d’être rien ni personne. Le cœur humain est comme le lieu saint: il n’est jamais désert, voilà pourquoi le chrétien ne doit pas avoir peur de la mer d’impureté, de cruauté et de violence qui se répand autour de lui. «Plus la nuit est sombre, plus les étoiles sont brillantes»... Nous sommes des lucioles spirituels de notre prédestination. Nous sommes appelés à porter dans nos cœurs la lumière spirituelle de la foi, de l’espérance et de l’amour. Dans le Sacrement du baptême, ayant fait un défi aux puissances des ténèbres, ayant littéralement couvert de crachats le satan, ne soyons pas étonnés si notre désir d’être en paix avec tout le monde, de garder la pureté de la chair, de se garder des pensées impures, de multiplier l’ordre, la beauté et l’amour dans ce monde, cela cause une méchanceté irrationnelle et la furie des agents des ténèbres. Le Seigneur n’a pas promis aux chrétiens qu’ils seront en majorité, Il les a appelés le petit troupeau ayant dit cela: «Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume» (Luc 12:32).

saints Elisabeth et Barbara icon

«Mais gardez courage! J’ai vaincu le monde» (Joh 16:33), s’est adressé le Christ à Ses disciples. «Dans le monde vous aurez à souffrir» (Joh 16:33). «Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu» (Act 14:22), renforcés par ces paroles, nous possédons la richesse que le monde qui gît dans le mal ne connaît pas et ne peut pas connaître. C’est la grâce du Saint Esprit qui éclaircit et apaise notre cœur, cette grâce nourrit nos âmes du pain céleste dans les sacrements de l’Église, cette grâce nous rend sages et forts, perspicaces et pleins d’amour, compatissants et miséricordieux. Cette grâce nous ouvre le passé, le présent et l’avenir, nous met sur la vérité qui nous protège des mésaventures, qui nous aide à éviter les embuscades et les dangers. Cette grâce nous conduit par le sentier de l’amour désintéressé. Gloire à Dieu que ce n’est pas seulement vous et moi, mais ce sont tous les enfants de l’Église Orthodoxe. Nous sommes très nombreux et c’est pour l’Église de Dieu que la Terre tourne et le soleil nous envoie chaque fois ses rayons.

Quelle leçon devons-nous tirer de la tragédie de Russie que Sainte Elisabeth avait vécue et partagée?

Tous les malheurs dans la vie du pays, du peuple, de la famille proviennent d’une cause – la trahison de l’âme humaine envers le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, la violation de serments et de promesses du baptême que nous avons prononcés à l’heure de notre rédemption, de notre entrée à l’Église. Le refroidissement du sentiment religieux, l’obscurcissement de l’esprit dans lequel sont gravées les vérités de la révélation Divine, le départ de l’église sont le commencement de tous les malheurs, un symptôme sinistre dont les conséquences peuvent être facilement devinées et prédites. Jamais la Russie n’aurait pas été plongée dans la tragédie dont vous me demandez si les enfants fidèles de l’Église, les disciples fidèles du Christ avaient donné le ton dans toutes les couches de la société. Malheureusement, le nombre de tels chrétiens sincères s’est considérablement appauvri, surtout dans les milieux hauts qui sont appelés à donner le ton dans la société.

Il est également important de se rappeler: les destins des nouveaux martyrs nous font, les descendants, des gens infiniment riches, parce que nous sommes leurs enfants. Nous sommes appelés à prendre de leurs mains «le bâton de relais» de piété. D’autre part, leurs souffrances nous font infiniment responsables devant nous-mêmes et devant le destin de notre pays. Ils comme si nous apprennent: «Il faut vivre la vie de la manière à ne pas avoir mal pour les années vécues inutilement».

Interview de Natalia Fédotova

Source: mmom.ru

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