ARCHIPRÊTRE NICOLAS GOURIANOV
Réjouissez-vous tout le temps et n’oubliez pas de remercier Dieu aux moments les plus difficiles de votre vie: un cœur qui remercie n’a besoin de rien.»
ARCHIMANDRITE SOPHRONY (SAKHAROV)
«La vie sans le Christ est sans goût, triste et désespérée.»
SAINT SILOUANE DU MONT ATHOS
«Je Te prie, Seigneur miséricordieux, afin que tous les peuples de la terre Te connaissent par Ton Saint Esprit.»
L'histoire du monastère Sainte Elisabeth
Le monastère porte le nom de la sainte martyre Elisabeth Romanov et puise son inspiration dans les bonnes œuvres du monastère Saintes Marthe et Maria qu'elle avait fondé.
Nous sommes un monastère ouvert sur le monde et qui exerce un ministère social actif dans des hôpitaux et des établissements de soins de longue durée, dans l'éducation, auprès des malades alités, des défavorisés et des pauvres.
La communauté des soeurs de charité
L'histoire de notre monastère ne commence pas par des murs et des bâtiments, mais par notre ministère auprès des patients hospitalisés. Selon notre père spirituel André Léméchonok, nous avons été appelés à réconforter les cœurs douloureux et à entendre leurs appels à l'aide.
En 1996, le père André Léméchonok servait à la cathédrale Saint-Pierre et Paul. Il a proposé à un groupe de paroissiennes de le rejoindre lors de ses visites à la Clinique nationale de la santé mentale pour parler aux patients de Dieu, des Saints Sacrements de la Confession et de l'Eucharistie. Beaucoup de nos premières sœurs étaient des employées de l'hôpital. En avril 1996, elles ont décidé avec le père André de créer la communauté des soeurs de charité en l'honneur de la sainte martyre royale Elisabeth Romanov.
En décembre 1996, le métropolite Philaret de Minsk a ordonné nos vingt premières sœurs. Nous avons organisé notre premier moleben à la clinique de santé mentale en avril 1996, et moins de cinq mois plus tard, nous avons établi une petite chapelle dans la clinique dans une salle réservée aux séances d'hypnothérapie. Là, nous avons célébré notre première liturgie à l'hôpital.
Le 6 février 1996, le métropolite Philaret a consacré la chapelle Sainte Xenia de Pétersbourg dans l'établissement de soins de longue durée pour les adultes handicapés et les personnes âgées. La chapelle de la salle d'hypnothérapie n'est plus active. Aujourd'hui, les patients assistent aux offices à l'église Saint-Jean de Shanghai consacrée en 2019.
La sœur Yulia Kostukevich se souvient: "Franchir la porte de la clinique psychiatrique était comme entrer dans un autre monde. Une chose que j'ai réalisé, c'est que ce n'était pas seulement moi qui parlais. Les bons mots me venaient à l'esprit et ils avaient beaucoup de pouvoir. C'était parce que le Christ était parmi nous. C'est Lui qui est entré le premier dans la clinique, et je suivais Ses traces".
Construction des églises
En été 1997, le métropolite Philaret a donné sa bénédiction pour construire une église près de la clinique de santé mentale. Pourtant, il n'y avait pas d'argent pour procéder, et de nombreux résidents locaux s'y sont opposés. Le père André Léméchonok n'était pas découragé. Lors d'une réunion hebdomadaire de la communauté, il a partagé sa vision audacieuse: "Mes chères sœurs, nous allons construire des églises et un monastère".
Sœur Yulia se souvient: "Je pensais à mon travail et à mes obédiences à la clinique. Comment vais-je construire un monastère? Je m'imaginais poussant en avant une brouette chargée de ciment, et j'étais triste d'incrédulité".
Pour se rassurer, le père André s'est rendu chez son confesseur, le père Nikolay Guryanov en Russie et a amené les sœurs. Le starets Nikolay a accueilli tout le monde chaleureusement et a parlé à chaque sœur. À la fin de la réunion, il a dit: "Vous construirez les églises et le monastère, et je vous aiderai avec cela".
Il a donné cinq roubles russes et a ajouté: "C'est ma première contribution à la construction de l'église".
Lorsque le père Andrey et les sœurs sont revenus, la construction a commencé. Il n'y avait pas d'argent et peu de matériel, et la plupart des constructeurs étaient d'anciens patients de la clinique psychiatrique. Pourtant, tout le monde était dévoué et déterminé, et il y avait beaucoup d'aides.
En décembre 1997, nous avons posé les fondations de notre première église, en l'honneur de Saint Nicolas. Seulement quatre mois plus tard, nous y avons célébré notre première liturgie dominicale. À l'époque, les murs étaient percés de nombreux trous, la pluie coulait à travers le toit et nous devions tenir un parapluie au-dessus du chandelier. Bientôt, nous avons eu le chauffage, et il n'y avait plus besoin de parapluie, tous les trous ont été réparés.
Finalement, les autres églises ont été achevées. L'église Sainte-Élisabeth a ouvert ses portes en janvier 2005 et l'église de l'icône de la Mère de Dieu Souveraine a accueilli les fidèles en octobre 2008. Les gens ont commencé à affluer, et bientôt il n'y avait plus assez de place pour tout le monde à l'intérieur, surtout un jour de fête. Notre communauté grandissait en nombre.
Les voeux monastiques et la naissance du monastère
Les sœurs de charité ont souhaité vivre ensemble en communauté monastique. Les premières moniales ont été consacrées en août 1999, et nous célébrons cet événement comme l'anniversaire de notre monastère.
Au début, les moniales résidaient dans un complexe à un étage. Il n'était pas chauffé, et les sœurs dormaient sur des matelas, et cet exploit initial d'ascèse est devenu un test pour leur endurance et leur determination. Même l'eau courante était un problème. Toutes les soeurs sont restées fermes et personne n'est parti. Non seulement ces sœurs ont enduré, mais de nouvelles se sont jointes. De nouveaux logements monastiques ont été construits en 2000.
En mai 2000, on a fondé la Fraternité en l'honneur des saints starets d'Optina, et en 2010 plusieurs frères laїcs sont devenus moines.
Servir son prochain
Comme l'a dit le père André, construire des églises ne suffisait pas, nous devions engager les gens dans une coopération créative avec le Seigneur. Nos ateliers sont un outil puissant pour un tel engagement. À l'heure actuelle, il existe plus de quarante ateliers actifs, avec plus de 1000 travailleurs. L'atelier de couture a été lancé en 1998 et confectionnait des vêtements pour les sœurs laïques. Les ateliers de pierre concassée et de céramique ont ouvert en 1998. Viennent ensuite les ateliers de peinture murale, de boîtier d'icônes et de design architectural, suivis de bien d'autres.
"Grâce à la Providence de notre Seigneur, chacun trouve un moyen de mettre ses talents à profit. La plupart des gens qui viennent sont assez éloignés de l'Église. Peu à peu, ils commencent à prendre part aux sacrements de l’église", explique la mère Euphrosyne, la supérieure du monastère.
En 1999, nous avons acquis 120 hectares de terres à 30 kilomètres à l'extérieur de Minsk pour créer une ferme. "À cette époque, je faisais mes obédiences à l'hôpital psychiatrique dans le service pour toxicomanes. Beaucoup n'avaient aucun endroit où aller lorsqu'ils en sortaient. Ainsi, la ferme est devenue un refuge pour les toxicomanes en convalescence, et finalement pour les prisonniers libérés, les sans-abri et d'autres personnes vulnérables", explique la sœur Yulia.
Une ferme similaire pour les femmes a ouvert en 2011.
L'histoire de la communauté nous enseigne une leçon importante: le Seigneur a le pouvoir de créer de bonnes choses à partir de rien; Il peut défier notre compréhension de nos possibilités et capacités. Avec Lui, l'impossible devient possible. La fondation de ce monastère est une autre preuve de cette vérité.