A l’ouest du soleil s’élevait une montagne d’or, au sommet de laquelle se trouvait un homme malheureux. Cette montagne lui appartenait. Cependant l’homme ne pouvait pas en descendre. Toute sa vie il a accumulé cet or et quand à l’âge avancé il est monté sur sa montagne d’or, il a vu qu’il ne pouvait plus en descendre car des serpents ont encerclé son pied. Ainsi, l’homme se trouvait en solitude ne voyant personne autour de lui et entendant seulement la mer de serpents siffler en bas.
Un jour, un aigle volait près de la montagne. Voyant l’homme malheureux, il lui a proposé de le porter à travers la mer de serpents. L’homme malheureux s’est accroché alors à ses griffes mais l’aigle n’a pas pu le lever parce que les pieds de l’homme ne pouvaient pas se détacher de la montagne d’or.
Une autre fois, un nuage passait non loin de l’homme malheureux. Voyant celui-ci, le nuage lui a proposé de voler ensemble au-dessus de la mer de serpents. L’homme malheureux a posé ses pieds sur le nuage. Cependant, le nuage n’a pas pu le porter puisque l’homme malheureux n’a pas pu détacher ses mains de la montagne d’or.
Un jour, un vent fort passait près de la montagne d’or. Voyant l’homme malheureux, il lui a proposé: «Si tu veux, j’apporterai des terres lointaines un grand feu pour consumer la mer de serpents autour de ta montagne». L’homme malheureux a consenti. Alors le vent a apporté une flamme ardente qui s’est jetée sur la mer de serpents. Cependant, cela n'a pas aidé non plus: les serpents ordinaires se sont transformés en serpents de feu. La mer de serpents a commencé à se lever de plus en plus haut.
Il est venue la dernière heure de l’homme malheureux. Lorsque le dernier rayon du soleil couchant a atteint sa poitrine, l’homme a entendu une voix qui lui disait: «Pleure!»
L’homme malheureux a cru que s’il versait une larme au moins, cela pouvait alléger ses souffrances.
Néanmoins, l’homme malheureux n’a pas eu de larmes. Il a pensé alors qu’il ne verrait plus jamais son or mais ceci ne l’a pas fait pleurer. Ensuite, il a pensé que personne ne saurait sa fin terrible, ce qui n’a non plus causé des larmes. Alors il s’est souvenu des visages des pauvres qui lui avaient demandé l’aumône mais qui n’avaient pas reçu un sou. Ceci, pourtant, n’a pas donné des larmes.
L’homme malheureux a compris qu’il n’était pas capable de pleurer. Cette pensée a fait trembler son cœur. Un flot de larmes s’est déversé alors du fond de son cœur. L’homme malheureux a éclaté en sanglots et à peine la première larme est-elle tombée sur le sommet de la montagne d’or qu’elle s’est transformée en un torrent d’eau. Le torrent s’est précipité en bas et a couvert avec bruit la mer de serpents de feu. L’eau et le feu ont englouti l’un l’autre sans laisser des traces...
Au milieu d’une ville populeuse, à même le sol, était assis un homme heureux qui, les larmes aux yeux, saluait tous les passants avec les paroles «Réjouis-toi!»