Après leur célèbre mise en scène Le Petit Prince, le groupe théâtral d’enfants «La joie» travaille sur un nouveau spectacle, Le Prince heureux d'après une histoire d’Oscar Wilde.
L’acteur Alexandre Zhdanovich qui dirige le studio théâtral pour enfants et le groupe théâtral inclusif «La joie», nous raconte dans cette interview comment naît un spectacle et de quoi vivent maintenant les jeunes acteurs.
Ce théâtre a presque sept ans déjà... Vous rappelez-vous du temps où tout a commencé?
Le studio théâtral a commencé son travail tout de suite après l’achèvement de la construction de l’école du dimanche. Nous avons annoncé l'ouverture du studio et une foule d’enfants d’âges différents est venue chez Maliavanych (le nom du personnage scénique d’Alexandre qu’on peut traduire comme le clown peintre). Honnêtement, je ne savais pas au début comment organiser toute cette «bande». Je venais aux premières séances comme à un combat. En ce temps-là, j’avais l’expérience de travailler pour les enfants, mais travailler avec les enfants était une affaire beaucoup plus difficile. Ma femme Ludmila m’a inspiré car rien n’était impossible pour elle.
Comment avez-vous réussi à faire de la «bande» une troupe d’acteurs?
J’ai décidé de créer dans le studio une atmosphère qui aiderait les enfants à devenir amis et en même temps à ressentir que chacun d’entre eux est une personne unique. Puisque c’est un art collectif, il est surtout important dans le théâtre de créer l’unité. Je leur cite souvent en exemple les alpinistes qui, pour gravir une montagne, travaillent en équipe et dépendent l’un de l’autre. Et voici que petit à petit, notre studio a commencé son fonctionnement.
Nous célébrons les anniversaires de chaque membre de notre équipe et nous nous intéressons à la vie personnelle des uns et des autres. Nous avons une devise «Que la joie vive» qui nous met tous en accord unanimement. Nous passons aussi beaucoup de temps ensemble à faire des activités en plein air.
En plus de la maîtrise du jeu d’acteur, que voudriez-vous apprendre encore aux enfants?
Ce qui distingue notre studio des écoles théâtrales ordinaires, c’est qu’il est apparu sous le toit d’un magnifique monastère. Ceci détermine son orientation. Nous tâchons de développer chez les enfants une vision chrétienne du monde, et la littérature classique pour enfants nous y aide grandement. Nous commençons et terminons les cours par la prière, discutons l’historique des fêtes de l’Eglise, mettons en scène des spectacles pour la fête de Noël et de Pâques.
Nous menons aussi des cours avec les enfants qui ont des possibilités limitées et ils participent eux-aussi à nos spectacles. Au début, la présence des acteurs «particuliers» inquiétait un peu les enfants, mais cela n’a pas duré longtemps et ils sont tous devenus amis. Je crois que cette expérience doit former chez les enfants la compassion et la responsabilité, ce qui n’est pas moins important que l’acquisition de compétences d’acteur.
Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui? Est-ce que les résultats de vos réalisations vous rendent heureux?
Le résultat visible le plus important de notre travail sont nos spectacles sur la scène de l’école du dimanche. Les enfants et les adultes les aiment bien. En six ans d’existence, nous avons préparé plus de dix spectacles. Les plus connus parmi eux sont "La clef dorée", "La légende du cou rouge", "La reine des neiges".
Nous voudrions que nos mises en scène laissent une impression émotionnelle profonde chez les spectateurs et sélectionnons de ce fait des œuvres littéraires bien soigneusement. Avant de commencer le travail, je le montre toujours aux enfants. Il est très important que ce que nous pensons «traduire» en langue théâtrale, intéresse non seulement les enseignants, mais aussi tous les élèves...
«Le prince heureux» était justement une histoire qui vous a attirés, vous et les acteurs?
Il y a dans cette histoire d’Oscar Wilde tout ce dont nous avons besoin: des personnages intéressants, et les thèmes de miséricorde, de sacrifice et d’amour.
La première lecture du texte en présence de tous est très révélatrice. En lisant l’histoire, j’ai repéré les passages qui ont retenu l’attention des enfants. Cela signifie qu’il y a l’espoir de pouvoir retenir l’attention du spectateur. Nous n’avons pas encore une vision complète à propos de ce spectacle, mais nous y avançons par essais et erreurs pour trouver ce qui est nécessaire.
Pour les enfants, le théâtre c’est...?
Pour les enfants handicapés c’est une bouffée d’air frais, une chance de s’ouvrir et de développer leurs talents grâce à la participation à ce groupe théâtral. Pour les autres enfants, c’est une chance d’élargir leurs horizons et de comprendre des choses très importantes pour leur future vie d’adulte. Ils apprennent à être amis, à comprendre et à accepter les autres, y compris ceux qui ne leur ressemblent pas.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous? Voyez-vous cela comme une obédience créative, une sorte de service?
Je pense que le théâtre est un endroit magique qui peut rassembler les gens de capacités et d’âges différents pour remplir leurs âmes d’amour et de lumière.
Interview de: Anastasiya Marchuk
22.11.2019